Evgenia Kara-Murza: "Le régime va utiliser l'attentat de Moscou pour durcir la répression"
Comme l'épouse de l'opposant Alexeï Navalny, décédé en février alors qu'il était en prison, Evgenia Kara-Murza poursuit le combat de son mari face au régime de Vladimir Poutine.
Vladimir Kara-Murza a survécu à deux empoisonnements avant de rentrer en Russie, où il a été condamné l'an dernier à 25 ans de prison. Comme des centaines d'autres personnes, il a été sanctionné pour avoir exprimé son opposition au Kremlin et à la guerre en Ukraine.
Vers un durcissement du régime
Evgenia Kara-Murza craint un durcissement du régime vis-à-vis des opposants, suite à l'attentat qui a visé une salle de concert à Moscou et au "meurtre" d'Alexei Navalny. Elle estime que le régime va utiliser ce qui s'est passé pour justifier sa guerre contre l'Ukraine. Mais elle estime également que "la société civile russe continuera à se battre".
Réagissant à la victoire de Vladimir Poutine lors de l'élection présidentielle, l'activiste estime que le président russe "n'a aucun lien avec la réalité". Elle dénonce son régime qui "dépend de l'image qu'il veut créer, qui n'a rien à voir avec la réalité selon laquelle tout le peuple russe le soutient et soutient la guerre".
Mais selon Evgenia Kara-Murza, "il y a beaucoup de gens qui continuent de s'exprimer et de s'opposer au régime à l'intérieur et à l'extérieur du pays, malgré la répression".
Une "torture psychologique"
Sur le plateau du 19h30, Evgenia Kara-Murza donne également des nouvelles de son mari: "Vladimir est retenu dans une cellule disciplinaire qui mesure environ 6m2." Elle précise qu'il a droit à une promenade "de 90 minutes par jour" et le droit de lire et écrire durant "90 minutes par jour" également. En revanche, "il n'a aucun contact humain, sauf avec son avocat", souligne-t-elle.
Mère de trois enfants, Evgenia Kara-Murza évoque le dernier contact avec leur père enfermé, par téléphone, en décembre dernier. Vladimir Kara-Murza avait le droit à 15 minutes au total, donc 5 minutes par enfant. "J'ai compté le nombre de minutes, je ne me suis pas permise de lui parler pour ne pas prendre de temps aux enfants", explique sa femme.
Evgenia Kara-Murza dénonce une "torture psychologique" de la part de la Russie, qui prive les opposants enfermés de contacts avec leur famille. L'activiste témoigne encore de sa peur pour la vie de son mari, une peur qui ne l'a jamais quittée depuis 2015, lors de son premier empoisonnement.
Interview radio: Philippe Revaz
Adaptation web: Julie Liardet