"La droite et la gauche sont venus et s'en sont mis plein les poches alors qu'ils n'en ont rien à foutre de nous. Alors pourquoi pas changer? ". Cet électeur du Rassemblement national ne se laissera pas convaincre par les partis traditionnels. Comme 28% des votants de Pontarlier, il a voté RN lors des élections européennes.
28% à Pontarlier, 40% à Frasne pour le RN
Quelques kilomètres plus loin, sur la ligne du TGV Lyria, à Frasne, le vote RN a même atteint 40%. "Dans notre village, les gens sont plutôt modérés", explique le maire Philippe Alpy, membre du parti Horizons (centre droit), "mais on vit actuellement un renversement significatif des populations sur notre territoire, du fait de la proximité et de l'attrait de la Suisse. Beaucoup de gens du nord et du sud de la France s'installent ici. Ils travaillent souvent dans les métiers de la sécurité, ont peu fait d'études supérieures. On ne maîtrise pas trop cet électorat-là et les extrêmes montent.
Historiquement, la région du Haut-Doubs vote pour la droite dite traditionnelle. La députée sortante et candidate Les Républicains, Annie Genevard, est la favorite du scrutin. Pour le RN, l'objectif est de la pousser vers un second tour. C'est l'ancienne policière Florianne Jeandenand qui porte les couleurs du RN. Pour elle, le rétablissement de l'ordre, la sécurité et la question de l'immigration sont des points essentiels du programme: "On vit en France, donc si on vient ici, il faut adopter notre culture. Ceux qui viennent et profitent uniquement des aides, non, on n'est pas d'accord."
Le défi de la gauche
Au marché de Pontarlier, les militants de l'alliance de gauche tentent de faire barrage. "Il y a eu un effet de sidération le soir des européennes", raconte le candidat du Nouveau Front populaire, Matthieu Cassez. Depuis, cet ingénieur agronome tracte sans relâche et tente de convaincre le plus grand nombre, mais il doit composer avec un leader clivant. "J'aurais voté pour le Front populaire s'il n'y avait pas Mélenchon", assène un habitant "Il se prend pour Fidel Castro. Entre lui, Bardella et Le Pen, il n'y a aucune différence, ce sont tous des dictateurs."
Et le candidat le reconnaît: "Il y a eu des maladresses, des coups de colère inappropriés et c'est un répulsif ici en milieu rural."
Alors que le premier tour des élections approche à grands pas, un sondage de l'institut Ipsos donne le RN gagnant, mais sans majorité, avec 31,5% des intentions de vote. Pour la militante de gauche Kaina Auray, une victoire totale de l'extrême droite serait sans appel: "Si le Rassemblement national l'emporte avec la majorité absolue et entre à Matignon? Je me tire! Je viens chez vous en Suisse."
Cédric Guigon et Joëlle Cachin