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Fraudes électorales dénoncées et manifestations en Géorgie après les élections législatives

En Géorgie, l’opposition pro-européenne conteste l’élection du pouvoir pro-russe: interview de Nathalie Loiseau (vidéo)
En Géorgie, l’opposition pro-européenne conteste l’élection du pouvoir pro-russe: interview de Nathalie Loiseau (vidéo) / Forum / 4 min. / le 28 octobre 2024
Des milliers de manifestants se sont rassemblés lundi contre le parti au pouvoir en Géorgie. La présidente pro-occidentale Salomé Zourabichvili a dénoncé un système "sophistiqué" de fraude ayant permis, selon elle, au parti Rêve géorgien d'emporter les législatives.

Cette fraude relève de la mise en oeuvre d'une "méthodologie russe", a dit la présidente dans un entretien avec l'AFP. Selon Salomé Zourabichvili, la fraude est notamment passée par le vote électronique, utilisé pour la première fois en Géorgie: le même numéro de carte d'identité a été retrouvé correspondant à "17 votes, vingt votes, dans différentes régions", a-t-elle accusé.

Les fraudeurs supposés ont usé aussi de "méthodes classiques": "achats de voix, pressions sur les détenteurs d'emplois publics", "sur les familles de prisonniers auxquelles on peut promettre des libérations", "argent distribué visiblement dans des minibus à la sortie des lieux du scrutin", a poursuivi la présidente.

Achats de voix et intimidation

La députée européenne de Renew Europe Nathalie Loiseau a fait partie des centaines d’observateurs occidentaux répartis dans le pays pour vérifier les conditions du vote. "Ce à quoi nous avons assisté, c'est une régression démocratique massive", affirme-t-elle lundi dans l'émission Forum.

"Ce que j'ai vu de mes yeux, ce sont des achats de voix, c'est de l'intimidation des électeurs avec, en dehors des bureaux de vote, des groupes d'hommes assez menaçants. Le secret du vote est très aléatoire dans les bureaux de vote et il y a des intimidations sur les observateurs des ONG", décrit-elle.

Des milliers de manifestants se sont rassemblés lundi soir à Tbilissi, la capitale de la Géorgie, pour dénoncer le résultat des législatives. [AFP - Vano Shlamov]
Des milliers de manifestants se sont rassemblés lundi soir à Tbilissi, la capitale de la Géorgie, pour dénoncer le résultat des législatives. [AFP - Vano Shlamov]

Utilisation des minorités ethniques

Selon la présidente Salomé Zourabichvili, les minorités ethniques, qui "sont facilement contrôlables", ont également été utilisées dans ce système de fraude.

A cet égard, "dans certaines" villes ou dans des villages habités par des membres de minorités ethniques azérie et arménienne, "les résultats étaient à 97% (pour le parti au pouvoir, ndlr). Je crois qu'on n'avait pas vu ça depuis la période stalinienne", a-t-elle accusé.

"Ce sont des régions pauvres où il est facile d'acheter les voix et clairement, nous avons vu des groupes d'hommes sortir des billets de banque pour payer ceux qui avaient pu prouver pour qui ils avaient voté, simplement en prenant en photo leurs bulletins de vote", confirme Nathalie Loiseau, qui parle d'une "vraie ambiance d'intimidation".

Des milliers de manifestants

D'après des résultats quasi définitifs, le Rêve géorgien, aux affaires depuis 2012, était crédité lundi matin de 53,92% des voix, contre 37,78% pour la coalition d'opposition. L'opposition refuse de reconnaître sa défaite et a appelé à manifester lundi soir.

>> Lire aussi : En Géorgie, l'opposition dénonce une ingérence russe après des législatives remportées par le parti au pouvoir

Des milliers de manifestants ont répondu à cet appel, auquel la présidente Salomé Zourabichvili avait fait écho. Une foule s'est amassée devant le bâtiment du Parlement, dans le centre-ville de la capitale Tbilissi.

>> Voir les précisions du 19h30 :

En Géorgie, des milliers d’habitants ont manifesté lundi dans les rues de Tbilissi pour dénoncer le résultat des législatives
En Géorgie, des milliers d’habitants ont manifesté lundi dans les rues de Tbilissi pour dénoncer le résultat des législatives / 19h30 / 2 min. / le 28 octobre 2024

Dirigé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili, le parti Rêve géorgien au pouvoir depuis 2012 dans cette ex-République soviétique, est accusé par l'opposition pro-européenne, de dérive autoritaire prorusse, et d'éloigner le pays de son adhésion à l'UE et à l'Otan, deux objectifs inscrits dans sa Constitution.

Depuis la promulgation en mai d'une loi sur "l'influence étrangère" ciblant la société civile et copiée sur la législation répressive russe concernant les "agents de l'étranger", Bruxelles a en effet gelé le processus d'adhésion à l'Union européenne et les Etats-Unis ont pris des sanctions contre des responsables géorgiens.

>> Lire aussi : Le Parlement géorgien adopte la loi controversée sur "l'influence étrangère"

"Si les choses en restent là, cela veut dire que le parti au pouvoir a décidé de tourner le dos à un processus d'adhésion à l'Union européenne", estime Nathalie Loiseau. Pour l'eurodéputée, Rêve géorgien "a voulu faire croire qu'il était pro-européen, mais ce que l'on voit aujourd'hui, ce sont d'anciennes méthodes soviétiques qui sont beaucoup plus appliquées". 

"Et d'ailleurs le seul représentant européen qui s'est précipité à Tbilissi pour féliciter le parti au pouvoir, c'est Viktor Orban, dont on connaît les liens avec Moscou", ajoute-t-elle.

Trois semaines avant les législatives, le parti conservateur au pouvoir a par ailleurs fait voter une loi restreignant fortement les droits des personnes LGBT+, dans un pays où l'hostilité aux minorités sexuelles reste forte.

>> Lire aussi : La Géorgie adopte une loi restreignant les droits LGBT+, malgré les critiques occidentales

edel avec afp

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