L'approche du Premier ministre israélien vise principalement à libérer les otages et à forcer le Hamas à négocier. "Pour Benjamin Netanyahu, il n'existe pas de réelle stratégie politique. Le jour d'après n'existe pas. C'est d'abord une pression militaire, une pression maximale", explique le spécialiste. Une stratégie critiquée par certains ténors de la politique israélienne.
En outre, poursuit Hasni Abidi, depuis 1987, le Hamas a toujours réussi à se renouveler et à produire de nouveaux chefs. "Parler de négociations avec le groupe islamiste est donc une stratégie qui ne tient pas".
Jusqu'où ira la guerre?
A côté de ça, poursuit le politologue, le calvaire des familles des otages continue, tout comme le décompte macabre des morts palestiniens, qui ne cesse d'augmenter. "Le gouvernement de Benjamin Netanyahu refuse tout cessez-le-feu et négociations. Et cela, au nom d'un objectif clair: il ne veut pas que son gouvernement saute".
Tant qu'il n'aura pas remporté 'ces trophées', il sera très difficile pour Benjamin Netanyahu de s'arrêter
Mais alors, jusqu'où ira la guerre, l'armée israélienne justifiant ses frappes par l'élimination de l'intégralité des dirigeants du Hamas? "C'est difficile", répond le spécialiste. "Sans une pression crédible et forte sur Netanyahu, il continuera à exercer une pression militaire tout en cherchant une victoire pour assurer sa survie politique. Tant qu'il n'aura pas remporté 'ces trophées' [ndlr: les dirigeants du Hamas], il sera très difficile pour lui de s'arrêter".
Une mobilisation internationale qui s'effrite
Enfin, malgré les appels quotidiens au cessez-le-feu et les nombreuses critiques internationales, Israël reste inflexible. La mobilisation citoyenne et internationale semble également s'essouffler, laissant place à une certaine indifférence due à la fatigue et au sentiment d'échec face à l'horreur des images de guerre, estime Hasni Abidi.
Pour l'heure, les négociations restent suspendues, et il est de plus en plus difficile de convaincre les médiateurs à continuer en raison du lourd bilan humain. "Benjamin Netanyahu a créé un boulevard avec cette saison électorale et je crains fort que tous les efforts pour arriver à un cessez-le-feu restent vains", conclut le politologue.
Propos recueillis par Valérie Gilllioz
Texte: Hélène Krähenbühl