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Hommage national en France pour Robert Badinter, qui entrera au Panthéon

La France rend hommage à l’artisan de l’abolition de la peine de mort Robert Badinter. [Keystone - EPA/Ludovic Marin]
La France rend hommage à l’artisan de l’abolition de la peine de mort Robert Badinter / Le 12h30 / 1 min. / le 14 février 2024
Le président français Emmanuel Macron a présidé mercredi un hommage national à Robert Badinter, qui porta l'abolition de la peine capitale en tant que ministre de la Justice. Il a salué une "force" qui "arrache la vie aux mains de la mort" et annoncé son entrée prochaine au Panthéon de Paris.

Robert Badinter était "la République faite homme", a encore souligné le chef de l'Etat français dans un discours prononcé sur la place Vendôme de Paris.

C'est dans ce lieu symbolique et inédit, devant le ministère de la Justice, que la France a salué la mémoire de l'ancien garde des Sceaux décédé la semaine dernière à l'âge de 95 ans. C'est en effet là que le ministre de l'ancien président François Mitterrand avait rédigé la loi abolissant le châtiment suprême, à rebours de l'opinion publique de l'époque.

L'entrée de son cercueil sur la place, depuis le ministère, a été applaudie par une foule de plusieurs centaines de personnes venues assister à cette cérémonie ouverte au public, malgré une pluie fine.

Au Panthéon, "aux côtés de ceux qui ont tant fait pour le progrès humain"

Emmanuel Macron s'est fait solennel pour annoncer la prochaine entrée de Robert Badinter au Panthéon. Temple républicain au coeur du quartier latin de Paris, le Panthéon proclame sur son fronton "Aux grands hommes, la patrie reconnaissante". Les sépultures de 81 personnes s'y trouvent.

"Votre nom devra s'inscrire aux côtés de ceux qui ont tant fait pour le progrès humain et pour la France et vous attendent, au Panthéon", a lancé le chef de l'Etat en présence de la philosophe Elisabeth Badinter, veuve de celui qui fut, selon les mots du président, "l'avocat pour toujours de cette cause, l'abolition".

Une consécration attendue

Une panthéonisation peut se faire sous la forme d'une simple plaque au nom du défunt, d'un cénotaphe - un monument funéraire qui ne contient pas de corps - ou d'une inhumation.

Dès vendredi, à peine connue la nouvelle de sa mort, le président français avait laissé planer cette possibilité. "C'est légitime", car au Panthéon vont "les grands hommes qui ont porté de grandes idées", a estimé mercredi sur France Info le président du Conseil Constitutionnel Laurent Fabius, fonction occupée par Robert Badinter de 1986 à 1995.

Un long combat

Né dans une famille juive émigrée de Bessarabie (l'actuelle Moldavie), Robert Badinter avait été témoin de l'arrestation de son père à Lyon pendant la Seconde Guerre mondiale. Il était mort en déportation en Pologne.

Son combat contre la peine de mort trouve son origine au matin du 28 novembre 1972: un de ses clients, Roger Bontems, complice d'une prise d'otage meurtrière, vient d'être guillotiné. Le combat contre la mort devint sa raison d'être. Après Patrick Henry, assassin d'un enfant en 1976, Robert Badinter sauve la tête de cinq autres condamnés, a rappelé mercredi Emmanuel Macron, qui a fait "le serment d'être fidèle" à ses convictions.

Mais le président français a aussi eu des mots sombres. "Vous nous quittez au moment où [...] vos idéaux, nos idéaux, sont menacés. L'universel qui fait toutes les vies égales. L'Etat de droit qui protège les vies libres".

ats/juma/vic

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