Impact des conflits mondiaux sur l'Allemagne: une escalade des délits à motivation politique
Plus de 60'000 cas d'infractions à caractère politique, une hausse de plus de 1100 de ces faits sur un an, ont été recensés en 2023, selon le rapport de l'Office fédéral de protection de la Constitution, chargé du renseignement intérieur.
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Le conflit en Ukraine puis l'attaque du Hamas contre Israël qui a provoqué un conflit meurtrier ont eu des "répercussions sur notre pays", a souligné la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser devant la presse.
"La menace qui pèse sur notre démocratie et ses institutions via l'espionnage, le sabotage, la désinformation et les cyberattaques a atteint une nouvelle dimension", a-t-elle ajouté, citant la Russie, la Chine et l'Iran qui "utilisent leurs services de renseignement pour espionner l'Allemagne".
Délits d'extrême droite en tête
L'extrémisme de droite reste le plus grand danger: en 2023, le nombre des délits attribués à ses partisans a augmenté de près d'un quart pour atteindre environ 29'000. Le nombre des extrémistes jugés "dangereux" se maintient au niveau élevé de 14'500.
En 2023, le milieu des "citoyens du Reich" et des "autogestionnaires", qui rejettent la légitimité de la République fédérale d'Allemagne, comptait environ 25'000 personnes, dont 2500 sont considérées comme étant potentiellement violentes. Les délits attribués à des membres de ces mouvances a toutefois diminué l'an passé de 30,4%.
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Le nombre des actes criminels d'extrême gauche s'est accru de 11,5% pour atteindre près de 7800, une augmentation qui s'explique, entre autres, par la lutte pour le climat.
Les crimes à caractère religieux - comme ceux imputés à l'islamisme - ont bondi de 200% et, pour ceux liés à la politique d'accueil des étrangers, de 33%.
Menace terroriste accrue
Depuis le 7 octobre 2023, la menace du terrorisme islamiste s'est encore intensifiée et le conflit au Moyen-Orient a agi "comme un accélérateur de l'antisémitisme en Allemagne".
Selon la ministre, les "menaces hybrides" à l'initiative des services de renseignement russes se sont encore renforcées avec pour objectif d'"influer sur les Etats démocratiques par le biais de la propagande, des mensonges, de la désinformation pour semer ou accroître la haine".
Elle a notamment mentionné les cyberattaques dont ont été victimes les deux principaux partis en Allemagne, les sociaux-démocrates (SPD) d'Olaf Scholz l'an dernier et les conservateurs de la CDU avant les élections européennes de juin.
Les enquêteurs allemands avaient officiellement attribué aux services russes l'attaque contre le SPD, s'attirant un démenti du Kremlin.
afp/asch