Inquiétudes autour de la première mine de lithium de France, attendue pour 2028 en Auvergne
Le lithium, qui est en premier lieu utilisé pour la confection des batteries de voitures électriques, est stratégique pour la souveraineté et la transition énergétiques.
Leader mondial des spécialités minérales pour l'industrie, la société Imerys compte extraire chaque année 34'000 tonnes de cet or blanc, sous une carrière déjà existante située à Echassières dans l’Allier, un département du centre de la France. De quoi fabriquer quelque 700'000 batteries.
Les promoteurs du projet font valoir une exploitation moderne et des impacts environnementaux limités. Mais sur place, les résistances et les questions sont nombreuses au sein de la population, qui craint notamment un impact sur les sols et l’accès à l’eau.
Les besoins en eau de la future mine critiqués
Il faut dire que la carrière de kaolin sous laquelle est projetée cette mine de lithium se situe dans la forêt domaniale des Colettes, caractérisée par de magnifiques hêtres et en partie classée. Cette forêt serait menacée par les besoins conséquents en eau de la future mine, car le minerai serait prélevé directement dans la rivière La Sioule qui jouxte la forêt, a expliqué au micro de Tout un monde Jacques Morisot, qui fait partie du collectif "Préservons la forêt des Colettes".
"Aujourd'hui, la forêt des Colette souffre déjà beaucoup de la sécheresse", déplore-t-il. Sans compter toutes les autres nuisances d'un tel projet. "Que ce soit la poussière, le bruit et les déplacements qui vont impacter inutilement l'écosystème de la forêt."
Selon Imerys cependant, l'eau utilisée pour séparer le lithium du granit sera recyclée à 90% et les 600'000 mètres cubes prélevés chaque année dans la Sioule seront indolores par rapport au débit de cette dernière.
Pas de quoi convaincre Gérard, qui vit à une quinzaine de kilomètres de la future mine, à Saint-Bonnet-de-Rochefort, où sera construit un quai de chargement pour le lithium qui arrivera depuis la mine via des canalisations. "La Sioule est déjà utilisée par les agriculteurs. La majorité des maisons ont des puits et l'année dernière, les puits étaient inutilisables. Il n'y avait plus d'eau. Entre ce qu'ils nous disent et ce qu'ils vont faire, il y a une énorme différence", soutient-il.
Quelque 1000 emplois directs et indirects à la clé
A l'inverse, les quelque 1000 emplois directs et indirects prévus, ainsi que les énormes retombées économiques attendues dans cette région marquée par la désindustrialisation font briller les yeux du maire de Montluçon Frédéric Laporte. Sa ville accueillera en bout de chaîne l'usine de conversion de lithium.
"Aujourd'hui, ce projet industriel est une façon de mettre le projecteur sur notre territoire, de montrer qu'on est capable d'avoir des projets très innovants dans une économie et une industrie tout à fait moderne", se réjouit-il. Selon lui, cela fera appel d'air, car d'autres entreprises, que ce soit dans la restauration, la santé, les services et la construction, verront également le jour.
Maurice Deschamps, maire de Lalizollee, hameau de 400 âmes proche de la mine, est plus mitigé, mais il est pragmatique. Selon lui, il en va de la survie de sa commune. "Je n'ai pas le droit de laisser passer un tel projet qui prévoit de nombreux emplois. Notre école est menacée presque tous les ans de fermeture. Il n'y a plus de commerces, la vie a tellement diminué d'intensité. Il faut sauver les communes rurales", souligne-t-il.
Face à ces craintes, Imerys a mené un gros travail de communication. Pour son directeur, l'impact de la mine de lithium sera limité, sachant qu'une carrière exploitée pour l'heure pour le kaolin, cette argile blanche utilisée pour la céramique, existe déjà à cet endroit.
"Il faut prendre l'équation dans son ensemble. La mine sera bénéfique pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et l'impact occasionné par le projet sera minimisé autant que possible", conclut-il.
Ariane Hasler/fgn