Jacques Pitteloud: "Une fois de plus, les Etats-Unis sont confrontés à une crise de fièvre et de polarisation"
"Un moment fondamental". C'est ainsi que Jacques Pitteloud qualifie la campagne pour l'élection présidentielle américaine de novembre, qui met aux prises le démocrate Joe Biden et le républicain Donald Trump dans un climat de haute conflictualité.
"Une fois de plus dans leur histoire, les Etats-Unis sont confrontés à une crise de fièvre et de polarisation. On en a connu beaucoup depuis la création du pays. Ces crises font presque partie de son ADN, ce qu'on a tendance à oublier lorsqu'on ne regarde pas la profondeur historique", analyse-t-il.
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En effet, pour l'ancien chef des services de renseignement de la Confédération, on se focalise trop sur la dernière décennie. En oubliant, ainsi, de prendre en considération des moments de tensions, telle la guerre civile, au XIXe siècle, ou la période du Maccarthysme, durant la Guerre froide.
Ces moments de division récurrents s'expliquent, selon le diplomate, "par le fait que les Etats-Unis se réinventent en permanence. Cela génère des tensions qui sont parfois à la limite du supportable."
Un pays toujours au top
Jacques Pitteloud se veut néanmoins rassurant: les institutions américaines sont plus solides qu'on pourrait le penser. "Depuis que j'ai commencé à lire les journaux et à regarder la télévision, on parle du déclin américain", raconte le sexagénaire. "La première fois que je suis venu dans ce pays, en 1976, les Etats-Unis représentaient 25% du PIB mondial. Aujourd'hui, c'est 26%. En termes de déclin, il y a encore quelques efforts à faire", ironise-t-il.
Et de lancer cet avertissement aux pays européens: "Même si elle a des pieds d'argile parce qu'elle est largement fondée sur une dette qu'il faudra bien payer tôt ou tard, l'économie américaine est partie comme une fusée. Il s'agira de ne pas se laisser distancer."
Propos recueillis par Philippe Revaz
Texte web: Antoine Michel
De bonnes relations diplomatiques sous les présidences Biden et Trump
Quid des rapports entre notre pays et le géant américain? "Les relations entre les deux pays ont toujours été excellentes", assure l'ambassadeur de Suisse aux Etats-Unis. Certaines affaires financières - la crise de 2008 ou celle des fonds en déshérence à la fin des années 1990 - "ont un peu troublé cette relation. Mais dans le fond, elle a toujours été bonne", soutient Jacques Pitteloud.
Et ce, quel que soit le locataire de la Maison Blanche. Selon le diplomate, "l'intensité et le niveau de contact" a été inhabituel "pour un pays de la taille de la Suisse" lors du mandat de Donald Trump. "Mais rien n'était fondamentalement diffèrent sur le fond. Et lors de l'administration Biden qui s'achève cette année, les contacts sont restés excellents."