"Je suis un violeur", reconnaît Dominique Pelicot, principal accusé au procès des viols de Mazan
"Je suis un violeur comme ceux qui sont dans cette salle. Ils savaient tous, ils ne peuvent pas dire le contraire", a assuré Dominique Pelicot, en parlant des 50 coaccusés du procès des viols en série de Mazan, dont certains ont émis un petit bruit de désapprobation dans la salle d'audience. Il a affirmé clairement que ces 50 hommes jugés à ses côtés, rencontré par internet, savaient l'état d'inconscience de sa femme Gisèle qu'il droguait avec de puissants anxiolytiques.
C'est la première fois que le principal accusé s'exprime depuis le début de ce procès emblématique des violences sexuelles et de la soumission chimique, débuté le 2 septembre devant la cour criminelle du Vaucluse à Avignon et prévu pour se tenir jusqu'au 20 décembre (lire encadré).
>> Lire : C'est quoi, la soumission chimique?
Dominique Pelicot, qui documentait tous les viols, filmés et photographiés, dans des dossiers classés sur son ordinateur, avait déjà reconnu les faits, commis entre 2011 et 2020, mais il ne s'était encore jamais expliqué en détail depuis l'ouverture du procès.
Sur cet archivage, il a expliqué: "Il y a une part de plaisir, mais également une mesure d'assurance. Aujourd'hui, grâce à ça, on peut retrouver ceux qui ont participé à tout ça". A l'écoute de ces propos, certains accusés dans la salle ont levé les yeux et d'autres affiché des sourires crispés.
Abus sexuels dans son enfance
Invité en début d'audience à évoquer son parcours de vie, Dominique Pelicot est d'abord revenu sur deux agressions sexuelles qu'il dit avoir subies pendant sa jeunesse, comme pour justifier son comportement ultérieur: un viol par un infirmier lors d'une hospitalisation à l'âge de neuf ans, puis sur un chantier quand il était apprenti à l'âge de 14 ans, où il a selon lui été forcé de participer au viol collectif d'une jeune femme handicapée.
"J'avais toujours ces traumatismes derrière moi", a-t-il expliqué, la voix tremblante et en pleurs. "De ma jeunesse, je ne retiens que des chocs et traumatismes. En 1971, il y a eu cette belle rencontre (avec Gisèle). C'était trop lourd à porter", a-t-il expliqué d'un voix lente et proche des sanglots. "On ne naît pas comme ça, on le devient", a-t-il ajouté.
"J'ai tenu 40 ans, j'étais très heureux avec elle, c'était le contraire de ma mère, elle était totalement insoumise. J'avais trois enfants, que je n'ai jamais touchés. Elle ne méritait pas ça, je le reconnais", a-t-il ajouté face à son ex-épouse, assise sur le banc des parties civiles.
"Je suis coupable de ce que j'ai fait. Je prie ma femme, mes enfants, mes petits-enfants, madame M. [violée par son mari selon le même procédé et en présence de Dominique Pelicot, ndlr.], de bien vouloir accepter mes excuses. Je demande pardon, même si ce n'est pas acceptable", a-t-il plaidé. Selon l'enquête, des photos de sa fille et de ses deux-belles filles, pour certaines nues et prises à leur insu, ont été retrouvées dans son ordinateur.
Gisèle Pelicot "avait confiance"
Son ex-épouse, Gisèle Pelicot, devenue une icône féministe pour avoir accepté que le procès soit public afin que "la honte change de camp", est restée stoïque tout le long de sa prise de parole avant d'elle-même se rendre à la barre pour brièvement témoigner.
"Pas une seule seconde je ne pouvais douter de cet homme" en qui "j'avais tout confiance", a-t-elle expliqué. "J'ai aimé cet homme pendant 50 ans, je lui aurais donné mes deux mains à couper", a-t-elle confié.
"Elle était merveilleuse et moi j'étais à côté de la plaque", a déclaré Dominique Pelicot, pendant que Gisèle le fixait, ajoutant: "Je l'ai bien aimée 40 ans et mal aimée 10 ans. Je n'aurais jamais dû faire ça. J'ai tout gâché, j'ai tout perdu. Je dois payer".
Dominique Pelicot nie être incestueux
Durant l'après-midi, la justice s'est notamment préoccupée des photos de Caroline Darian, la fille du couple Pelicot, retrouvées sur le disque dur de son père: elle y apparaît dénudée, allongée sur un lit dans une position "quasi-fœtale" avec une culotte qu'elle a affirmé ne pas être la sienne.
Dominique Pelicot, après avoir dit "ne pas être sûr que ce soit elle sur les photos", a nié avoir pris ces deux images, avoir touché ou drogué sa fille, précisant que l'accusation n'avait "pas de preuve et des analyses négatives". "Tu mens!" lui a crié Caroline Darian, en colère, le regardant dans les yeux, avant de quitter brièvement la salle d'audience.
A la question de savoir pourquoi il n'avait pas capté des images de ses deux fils, il a toutefois répondu aux magistrats de la cour criminelle du Vaucluse: "Je ne suis pas attiré par les hommes".
sjaq et afp
"En état de comparaître"
Absent depuis une semaine pour raison de santé, Dominique Pelicot est réapparu pour la première fois ce mardi avec un protocole allégé, exigé par des médecins, et notamment avec une chaise à sa disposition et des pauses régulières.
Aidé d'une canne, il est entré lentement dans le box des accusés peu avant 9h mardi, avant de s'assoir sur un fauteuil bleu censé être plus confortable et lui permettre de suivre les prochaines audiences.
Lundi soir, une expertise médicale ordonnée par le président de la cour criminelle avait conclu qu'il était en état de comparaître, éloignant, pour le moment, le scénario craint par les victimes d'un report de plusieurs semaines voire plusieurs mois.
Cinquante hommes âgés de 26 à 74 ans sont jugés aux côtés de Dominque Pelicot. Ils sont pompier, infirmier, journaliste, gardien de prison, jardinier, vendeur, plombier, électricien, etc. à être accusés dans cette affaire.
Ces prévenus sont originaires de villes et villages de la région pour la plupart et pour certains en couple, avec parfois des enfants. Certains nient les accusations de viols et affirment avoir pensé participer à un jeu sexuel d'un couple libertin.
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- Refuge pour femmes victimes de violences conjugales Fédération Solidarité femmes
Par canton
- Genève: Centre de consultation LAVI Genève
- Jura: Centre de consultation LAVI Delémont
- Neuchâtel: Centre de consultation LAVI & Solidarité Femmes
- Vaud: Centre de consultation LAVI Aigle, Lausanne, Yverdon-les-Bains