Le président démocrate va signer un décret annoncé de longue date qui empêcherait les migrants entrés illégalement d'accéder au système d'asile lorsque leur nombre dépasse les 2500 par jour. Le texte facilite aussi les expulsions vers le Mexique, selon la Maison Blanche.
"Pour Joe Biden, la sécurité des familles américaines doit toujours passer en premier. C'est pourquoi le président annonce aujourd'hui de nouvelles mesures historiques visant à empêcher les migrants qui franchissent illégalement notre frontière méridionale de bénéficier de l'asile" aux Etats-Unis, a déclaré un porte-parole de la Maison-Blanche.
Une politique d'immigration parmi les plus restrictives
Selon des responsables américains, le nombre de personnes franchissant la frontière sans papiers est déjà supérieur au seuil fixé et les nouvelles restrictions devraient s'appliquer tout de suite. "Nous nous attendons à ce que la mesure entre en vigueur immédiatement", une fois le décret signé, a dit un responsable américain sous couvert de l'anonymat.
Les demandeurs d'asile seraient à nouveau autorisés à entrer dès que leur nombre tomberait à 1500 par jour, selon les mêmes sources.
Il s'agit d'une politique d'immigration parmi les plus restrictives jamais adoptées par un président démocrate, alors que tous les sondages montrent que le sujet pèse lourd sur les chances de réélection de Joe Biden en novembre.
"De la poudre aux yeux"
Son adversaire républicain Donald Trump a balayé ces annonces, répétant que le président américain a selon lui "complètement abandonné la frontière méridionale".
"Joe Biden prétend enfin faire quelque chose au sujet de la frontière - mais en fait, ce n'est qu'une façade car il sait qu'un débat aura lieu dans trois semaines", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social, en référence au duel télévisé qui les opposera le 27 juin. De son côté, le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a dénoncé "de la poudre aux yeux".
Le risque de froisser l'aile gauche du Parti démocrate
La Maison Blanche s'est aussi efforcée de désamorcer les critiques selon lesquelles Joe Biden copierait Donald Trump, en utilisant les mêmes dispositifs que son prédécesseur.
Malgré tout, le président américaine adopte une stratégie risquée avec ce durcissement. Il pourrait en effet susciter la colère de l'aile gauche de son parti. Le décret est basé sur une loi préalablement utilisée par l'administration Trump pour interdire l'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de plusieurs pays musulmans. En tout état de cause, les mesures devraient être contestées devant les tribunaux.
A l'approche de la présidentielle, les républicains cherchent à faire de l'immigration le sujet central du débat, accusant Joe Biden d'être responsable d'une "invasion". Donald Trump, qui avait construit lors de son mandat des pans de mur à la frontière mexicaine, tient une rhétorique de plus en plus incendiaire envers les migrants, les accusant d'"empoisonner le sang" du pays.
afp/ther
Le droit international respecté, selon Joe Biden
Joe Biden a assuré que les nouvelles restrictions à l'immigration annoncées mardi permettront de "sécuriser" la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, accusant une nouvelle fois ses adversaires républicains de bloquer toute réforme.
Ces mesures "nous aideront à reprendre le contrôle de nos frontières et à rétablir l'ordre dans le processus" de demande d'asile, a déclaré le président américain lors d'une allocution, ajoutant qu'elles respectaient "le droit international".
L'ONU "très préoccupée"
Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s'est dit mardi "très préoccupé" par le durcissement de la politique d'immigration américaine annoncé par le président Joe Biden, pressant Washington de reconsidérer ses décisions.
"Les nouvelles mesures vont empêcher nombre de personnes ayant besoin de protection internationale de bénéficier à l'asile et elles se retrouveront sans option viable pour se mettre en sécurité", a commenté le HCR dans un communiqué. "Toute personne qui affirme avoir une peur légitime d'être persécutée dans son pays d'origine doit avoir accès à un territoire sûr et pouvoir faire examiner ses affirmations avant d'être déportée."
"Nous demandons aux Etats-Unis de respecter ses obligations internationales et pressons le gouvernement de reconsidérer ces restrictions qui sapent le droit fondamental à demander l'asile", poursuit l'agence de l'ONU, assurant de sa volonté de soutenir les Etats-Unis dans "ses efforts pour réformer en profondeur" les contrôles au frontières et le système d'asile.
Les chiffres de l'immigration
Dans les 12 mois qui ont précédé octobre 2023, 2,4 millions de personnes ont été interceptées à la frontière avec le Mexique, un record.
En décembre, quelque 10'000 personnes, poussées par la pauvreté et la violence en Amérique latine, traversaient illégalement la frontière chaque jour. Ce nombre a depuis baissé, mais le sujet reste brûlant.