"Il y a eu beaucoup de spéculations dernièrement. Que va faire Joe Biden? Est-ce qu'il va rester dans la course? [...] Voici ma réponse: je suis candidat et nous allons gagner", a-t-il dit.
"Je vous promets que je vais bien", avait ajouté plus tôt le démocrate de 81 ans dans un restaurant de Northville, dans la banlieue de Detroit, répondant aux critiques sur ses capacités à mener le pays.
Son destin politique est très incertain depuis un calamiteux débat le 27 juin face à son prédécesseur à la Maison-Blanche, le milliardaire républicain Donald Trump.
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Les partisans du démocrate de 81 ans se sont réjouis de sa connaissance des dossiers, internationaux notamment, lors d'une conférence de presse donnée jeudi et présentée comme cruciale pour son destin politique. Dans le camp républicain, on a pointé son élocution hasardeuse et deux lapsus monumentaux.
La lettre de vingt démocrates anciennement élus
Plus de 20 personnes anciennes élues démocrates du Congrès américain ont publié vendredi une lettre pour demander au président Joe Biden d'avoir une convention ouverte et laisser la chance à d'autres candidats de se présenter.
"Le président Biden servirait mieux la nation qu'il aime en libérant les délégués qui doivent le nommer pour un second mandat. S'il en décide ainsi, cela voudrait dire une convention ouverte en août. On lui demande de prendre cette décision", ont écrit ces anciens élus dans la lettre ouverte.
"Nous ne voulons pas dire que l'on préfère un autre candidat à sa place" mais "nous sommes confiants qu'un ou plusieurs candidats démocrates compétents se présenteront", ont-ils ajouté.
"L'intégrité et la vision du président sont intactes. Cependant, l'énergie et l'endurance dont il a besoin pour une campagne électorale et un nouveau mandat sont diminuées", peut-on lire dans la lettre. "Ce problème ronge le pays depuis des mois et a atteint son paroxysme pendant et après le débat du 27 juin".
Une quinzaine de parlementaires démocrates en exercice ont déjà demandé ouvertement au président américain de retirer sa candidature avant la convention d'investiture du mois d'août à Chicago.
Pour les signataires de la lettre ouverte, qui ne demandent pas au président de se retirer, une convention ouverte permettrait de "relancer optimisme et excitation. Et cela redonnerait de l'énergie au parti et captiverait l'intérêt des électeurs – en particulier des jeunes et des laissés-pour-compte – qui n'ont jusqu'à présent pas été inspirés par les choix proposés".
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Parmi les personnes qui soutiennent Joe Biden "et avec enthousiasme", souligne la BBC, outre la vice-Présidente Kamala Harris, "se trouvent des personnalités au franc-parler comme Alexandria Ocasio-Cortez, membre du Congrès de New York, Bernie Sanders, deux fois candidat à l'élection présidentielle, et John Fetterman, sénateur de Pennsylvanie".
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Stéphanie Jaquet et les agences
Biden est-il apte à un second mandat?
Face aux lapsus, difficultés d'élocution et autres signes désormais scrutés à la loupe chez Joe Biden, des experts scientifiques mettent en garde contre toute conclusion trop hâtive sur son état de santé, tout en appelant à ce que le président américain passe des examens supplémentaires qui "devraient être rendus publics et mettre un terme aux spéculations s'ils ne confirment pas les craintes actuelles".
Dans un éditorial, la revue scientifique Lancet a appelé dès mars à la mise en place d'une procédure standardisée pour examiner les présidents, afin de contrer la "désinformation" et les "spéculations". "En l'absence d'une méthode efficace pour évaluer l'état de santé des présidents (...), le public américain reste tributaire des rapports publiés volontairement par les médecins personnels", soulignait ce texte.
Gare aux stéréotypes du vieillissement
Lors de leur débat, Joe Biden comme Donald Trump, 78 ans, ont "montré des difficultés à suivre le fil d'une question", juge Allison Sekuler, présidente de la Baycrest Academy, un hôpital spécialisé dans les soins aux personnes âgées. Elle recommanderait que tous deux soient examinés: "Mais on ne parle que de l'un d'entre eux, car il correspond à notre stéréotype du vieillissement."
Jay Olshansky, professeur de santé publique à l'Université de l'Illinois à Chicago, spécialiste de la vieillesse, regrette également l'agisme "flagrant" selon lui contre Joe Biden, comme la récente Une du magazine The Economist, affichant un déambulateur avec l'insigne présidentielle.
Or "l'intelligence cristallisée", c'est-à-dire la capacité à utiliser l'expérience passée pour raisonner, "ne cesse de se renforcer" dans le temps, rappelle-t-il. C'est pourquoi aucune limite d'âge maximum n'a été posée pour être président, mais qu'une limite basse existe (35 ans), dit-il.
Selon une étude de 2020, dont il était le coauteur, Joe Biden avait alors 95% de chance de survivre à son premier mandat, en prenant en compte l'espérance de vie moyenne de sa classe d'âge et ses facteurs de risque personnels.
Pour le second mandat de Joe Biden, la simulation a été répétée: à cause de ses quatre ans de plus, les chances de survie du président tombent à 75%.
Joe Biden reçoit le soutien de Bernie Sanders
Le sénateur Bernie Sanders, figure de la gauche américaine, a appelé samedi à garder Joe Biden comme candidat des démocrates à la présidentielle. Cela malgré la pression mise sur le président pour se retirer en raison de doutes sur son état de santé.
"Assez! M. Biden n'est peut-être pas le candidat idéal, mais il sera le candidat et doit être le candidat. Et avec une campagne efficace qui parle aux familles travailleuses de leurs besoins, il va non seulement battre M. Trump, mais le battre largement", a déclaré l'élu de gauche dans une tribune au New York Times, appelant les démocrates "à cesser les chamailleries et pinaillages".
Bernie Sanders, opposant de Joe Biden aux primaires démocrates en 2020, a affirmé qu'il ferait "tout ce qui est en (son) pouvoir pour voir le président Biden réélu".
"Oui. Je le sais: M. Biden est âgé, coutumier des gaffes, a la démarche raide, et a eu un débat désastreux face à M. Trump. Mais je sais aussi cela: une élection présidentielle n'est pas un concours de divertissement. Elle ne commence ni se finit par un débat de 90 minutes", écrit-il.
Le sénateur de 82 ans prend également exemple des récentes élections législatives françaises: "Il est temps de tirer une leçon des forces progressistes et centristes en France qui, malgré leurs profondes différences politiques, se sont unies cette semaine pour battre de manière franche l'extrémisme de droite".