Un ultime recours de Julian Assange contre son extradition aux Etats-Unis examiné à Londres
Le premier des deux jours d'audience s'est tenu devant la Haute Cour de Londres sans l'Australien de 52 ans, qui "ne se sent pas bien", a déclaré son avocat Edward Fitzgerald.
A l'approche de l'audience, ses soutiens avaient alerté sur les risques qui pèsent sur la santé et même la vie de Julian Assange, poursuivi pour une fuite massive de documents et enfermé depuis 12 ans au Royaume-Uni - sept ans réfugié dans l'ambassade d'Equateur, puis cinq ans détenu dans la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres -, dans une affaire érigée en symbole des menaces qui pèsent sur la liberté de la presse.
Deux juges sont appelés à se prononcer sur la possibilité d'accorder ou non à Julian Assange le droit de faire appel de son extradition aux Etats-Unis, acceptée en juin 2022 par le gouvernement britannique. S'ils refusent, ses proches craignent qu'il ne soit remis rapidement aux Etats-Unis, mettant sa vie en péril, même s'ils espèrent saisir à temps la Cour européenne des droits de l'Homme.
Mercredi, les représentant du gouvernement américain doivent présenter leurs arguments.
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Rassemblement de soutien
Avant l'audience, une foule entonnant "Libérez Julian Assange" s'est rassemblée devant la Haute Cour de Londres. "On ne sait pas à quoi s'attendre, mais vous êtes là parce que le monde regarde", a déclaré Stella Assange, épouse du fondateur de Wikileaks, appelant à continuer à manifester "jusqu'à ce que Julian soit libre".
Elle avait indiqué lundi à la BBC qu'elle craignait une extradition rapide si Julian Assange n'obtenait pas de dernier recours, mais espérait que la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) puisse être saisie à temps pour intervenir.
En janvier 2021, la justice britannique avait initialement tranché en faveur du fondateur de WikiLeaks. Invoquant un risque de suicide, la juge Vanessa Baraitser avait refusé de donner son feu vert à l'extradition. Mais cette décision a ensuite été infirmée.
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Début février, la rapporteure spéciale de l'ONU sur la torture, l'experte indépendante Alice Jill Edwards, a demandé au gouvernement britannique de suspendre la procédure d'extradition, au nom de ses obligations internationales en termes de droits humains: "Julian Assange souffre depuis longtemps d'un trouble dépressif périodique. Il a été évalué qu'il présente un risque de suicide."
Jusqu'à 175 ans de prison encourus
Pour tenter de rassurer sur le traitement qui lui serait infligé, les Etats-Unis ont affirmé qu'il ne serait pas incarcéré à la prison de très haute sécurité ADX de Florence, dans le Colorado, surnommée l'"Alcatraz des Rocheuses" et qu'il recevrait les soins cliniques et psychologiques nécessaires. Les Américains avaient aussi évoqué la possibilité qu'il puisse demander à purger sa peine en Australie.
Ces garanties ont convaincu la justice britannique, mais aucunement les soutiens de Julian Assange, qui dénoncent des poursuites politiques. Ces derniers jours, les expressions de soutien se sont multipliées à l'égard du fondateur de WikiLeaks, qui bénéficie de l'appui de nombreuses organisations de journalistes.
Julian Assange est actuellement détenu à la prison de haute sécurité de Belmarsh, dans l'est de Londres. Il risque jusqu'à 175 ans de prison.
agences/iar/juma
De l'exil à la prison
Julian Assange est poursuivi pour avoir publié à partir de 2010 plus de 700'000 documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan. Parmi eux figurait une vidéo montrant des civils, dont deux journalistes de l'agence Reuters, tués par les tirs d'un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007.
Ces documents avaient été obtenus grâce à la militaire américaine Chelsea Manning. Condamnée en août 2013 à 35 ans de prison par une cour martiale, elle a été libérée après sept ans à la faveur d'une peine commuée par Barack Obama.
Le fondateur de Wikileaks avait été arrêté par la police britannique en 2019 après sept ans reclus à l'ambassade d'Equateur à Londres pour éviter son extradition vers la Suède dans une enquête pour viol, classée sans suite en 2019.