Sir Keir Starmer, un végétarien athée de 61 ans, passionné de football et père de deux enfants, reste assez méconnu des Britanniques. En effet, son arrivée en politique est tardive: cela ne fait que neuf ans qu’il siège au Parlement.
Avant de se lancer en politique, il a eu une longue carrière dans la justice. D'abord avocat spécialisé dans les droits humains, Keir Starmer a occupé la fonction de directeur des poursuites pénales en Angleterre et au Pays de Galles à partir de 2008. Le poste lui a valu en 2014 d’être anobli par la reine Elisabeth II pour services rendus à la nation.
Un avocat discret aux origines modestes
Keir Starmer est un homme réservé qui n’aime pas les projecteurs, protégeant soigneusement sa sphère familiale. Cette discrétion a de temps en temps joué en sa défaveur, les conservateurs lui attribuant l’image d’un avocat bourgeois élitiste métropolitain. Pourtant, le leader travailliste vient d’un milieu modeste: son père était tourneur-fraiseur et sa mère, infirmière, souffrait d’une maladie auto-immune rare. Les fins de mois étaient donc parfois difficiles.
Dans un extrait diffusé dans l'émission de Tout un Monde, Keir Starmer évoque son passé: "Je sais ce que l’on ressent lorsque l’inflation est hors de contrôle! Quand la hausse du coût de la vie se transforme en peur d’ouvrir le courrier. C’était le cas de mes parents qui avaient peur de s’endetter. Ils ont alors préféré ne plus recevoir certaines factures, en choisissant de couper le téléphone parce que c’était la privation la plus facile pour eux".
Je sais ce que l’on ressent lorsque l’inflation est hors de contrôle! Quand la hausse du coût de la vie se transforme en peur d’ouvrir le courrier. C’était le cas de mes parents qui avaient peur de s’endetter
L’histoire de Keir Starmer est donc celle d’une formidable ascension sociale. Il est le premier diplômé de sa famille sans avoir fréquenté de collège privé.
Ses détracteurs attribuent son succès à la chance
Bien que sérieux et appliqué dans ses discours, Keir Starmer ne parvient pas à captiver les foules. Alors que ses amis le décrivent en privé comme un homme drôle et décontracté, il dégage en public une certaine froideur et peut sembler terne. Cette impression est accentuée par son timbre nasillard et son style austère.
Bien que le Labour affiche 20 points d'avance sur les conservateurs, sa popularité n’est pas très élevée. Le dernier sondage YouGov lui attribue 34% d’opinions favorables, contre 51% d’opinions défavorables.
Ses détracteurs estiment donc qu'il n'a aucun mérite sur l'avancement des travaillistes et qu’il a simplement bénéficié de la chance, après 14 années de gouvernance conservatrice marquées par des scandales.
Une fermeté impassible aux effets profonds
Cependant, une telle analyse minimise son rôle dans la transformation du parti, estime Sam Rushworth, candidat travailliste: "Je suis membre du parti depuis vingt ans, mais avant Keir Starmer, c’était une période très dure, nous étions très divisés". Il souligne que c'est en observant les transformations initiées par Keir Starmer au sein du Labour qu'il a lui-même trouvé l’inspiration pour se présenter en tant que candidat.
Avant Keir Starmer, c’était une période très dure, nous étions très divisés
Selon Tom Baldwin, auteur d’une récente biographie de Keir Starmer, ce dernier a su recentrer le parti avec une incroyable fermeté, sans état d’âme, tout en restant apparemment terne et plutôt impassible. La preuve qu'il faut un certain talent pour arriver à cela, explique-t-il.
Sujet radio: Catherine Ilic
Adaptation web: Miroslav Mares