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L'abbé Pierre menaçait ceux qui dénonçaient ses agressions sexuelles, révèlent des archives inédites 

Des correspondances de l’abbé Pierre niant les faits qui lui sont reprochés sont dévoilées au public. [KEYSTONE]
Des correspondances de l’abbé Pierre niant les faits qui lui sont reprochés sont dévoilées au public / Le 12h30 / 1 min. / le 9 septembre 2024
Les révélations continuent de ternir l'image de l'abbé Pierre, autrefois admiré pour son combat contre la pauvreté, mais désormais accusé d'agressions sexuelles. Des correspondances dévoilées par Radio France montrent comment il contestait les accusations et révèlent les tentatives de l'Eglise pour étouffer ces affaires.

Publié vendredi, un rapport fait état de 17 nouvelles accusations de violences sexuelles contre l'abbé Pierre, dont certaines portent sur des faits pouvant s'apparenter à des viols ou concernent des mineures.

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Radio France a eu accès à une partie inédite des lettres de l'abbé Pierre, décédé en 2007. Parmi ces documents figure un échange remontant à 1955, lors de sa tournée aux Etats-Unis où il fut reçu par le président Eisenhower à la Maison Blanche.

"Mes réponses seront brutales, chirurgicales"

Un étudiant, chargé d'organiser son séjour, avertit alors un proche de l'abbé Pierre sur son comportement suspect par courrier: "J'ai vu tant de choses pendant le voyage, des façons d'agir du Père comme individu." En réponse, l'abbé Pierre lui-même prend la plume et le sermonne sévèrement: "Sache que pas une récidive ne restera sans réponse et, s'il le faut, mes réponses seront brutales, chirurgicales", écrit-il.

Quelques années plus tard, en 1959, au Québec, la police serait intervenue à la suite de plaintes, mais l'affaire ne s'ébruite pas. Renvoyé en catimini en France, l'abbé Pierre écrit à un cardinal québécois, qu'il soupçonne d'être informé de ses agissements, pour contester fermement les accusations portées contre lui. "Tout est faux dans ces accusations", s'indigne-t-il, menaçant ses accusateurs de poursuites judiciaires.

Passage par la Suisse

L'enquête de Radio France met également en lumière les tentatives de l'Eglise et de la communauté Emmaüs pour éviter un scandale public. Les courriers révèlent leurs efforts pour étouffer les différentes affaires, allant jusqu'à envoyer l'abbé Pierre en Suisse, dans une clinique psychiatrique à Prangins (VD), pour un long repos forcé, espérant ainsi contenir les rumeurs.

"L'Eglise avait besoin de l'abbé Pierre qui redorait son image et sa popularité et ne pouvait pas se permettre qu'un tel scandale n'éclate", note l'historienne Axelle Brodiez-Dolino, autrice d'"Emmaüs et l'abbé Pierre", interrogée par Radio France.

Foued Boukari/vajo

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Emmaüs "réfléchit" à une indemnisation des victimes

"C'est une question très importante sur laquelle nous travaillons, à laquelle nous réfléchissons actuellement", a déclaré le directeur général d'Emmaüs International Adrien Chaboche, lundi, interrogé sur la question d'une indemnisation des victimes sur RTL. "C'est un processus qui prend un petit peu de temps" mais "nous y travaillons".

"Désormais l'abbé Pierre, pour tout le monde et particulièrement pour les personnes qui ont été victimes de violences dans leur vie, c'est l'image d'un prédateur sexuel", a souligné Adrien Chaboche.

"Tout porte à croire" par ailleurs qu'au vu "des faits commis sur une telle ampleur de temps, nous ne savons pas encore tout", a-t-il ajouté. "Il y a sûrement d'autres faits, nous nous attendons à voir d'autres témoignages. La ligne d'écoute reste ouverte pour l'instant jusqu'à la fin de l'année a minima". (afp)