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"L'agression israélienne est démesurée", déclare l'ambassadrice du Liban en Suisse

L'invitée de La Matinale - Rola Noureddine, ambassadrice du Liban en Suisse
L'invitée de La Matinale - Rola Noureddine, ambassadrice du Liban en Suisse / La Matinale / 13 min. / jeudi à 07:00
Alors que de nombreux pays ont appelé dans la nuit de mercredi à jeudi à un cessez-le-feu au Liban, l'offensive israélienne contre le Hezbollah se poursuit. Invitée dans La Matinale de la RTS, l'ambassadrice du Liban en Suisse Rola Noureddine a dit souhaiter donner une chance à la voie diplomatique.

Les Etats-Unis et la France ont appelé à un "cessez-le-feu immédiat de 21 jours" entre le Hezbollah et Israël au Liban, où l'aviation israélienne a mené trois jours de bombardements massifs, attisant la crainte d'un embrasement du Proche-Orient.

Depuis lundi, les frappes israéliennes – qui se sont poursuivies durant la nuit de mercredi à jeudi – ont fait plus de 600 morts et plusieurs milliers de blessés au Liban, dont de nombreux civils, tandis que le mouvement islamiste libanais, soutenu par l'Iran, a multiplié les tirs de roquettes vers le nord d'Israël et visé pour la première fois avec un missile Tel-Aviv, dans le centre du pays. Les bombardements ont jeté selon l'ONU des dizaines de milliers de personnes sur les routes au Liban, fuyant vers Beyrouth ou la Syrie.

>> Notre suivi de la situation au Proche-Orient : Les Etats-Unis, la France et l'UE appellent à un cessez-le-feu de 21 jours au Liban

"La Suisse a toujours été à nos côtés"

Invitée jeudi dans La Matinale, l'ambassadrice du Liban en Suisse Rola Noureddine a réagi "positivement" à cette proposition de cessez-le-feu émanant de l'ONU: "On compte sur tous ces pays pour nous mener vers la désescalade et vers un cessez-le-feu", a-t-elle déclaré à la RTS.

Selon la diplomate, la Suisse a aussi un rôle à jouer dans cette perspective. "La Suisse est un pays ami du Liban, qui a toujours été à nos côtés [...] Elle a ses contacts et a toujours été un pays essayant de trouver des solutions pacifiques."

Rola Noureddine a toutefois un "grand doute" quant à la volonté d'Israël d'embrasser un tel dessein. "L'agression israélienne est une agression contre le Liban, contre tout le pays, et pas une guerre contre une faction, comme le dit Benjamin Netanyahu [...], estime-t-elle. "J'ai entendu des responsables israéliens menacer de ramener le Liban à l'âge de pierre, de rayer le pays de la carte. J'espère que la solution diplomatique pourra aboutir, mais quand je vois l'action israélienne au Liban ou à Gaza, j'ai un grand doute."

La priorité aujourd'hui est au cessez-le-feu

Rola Noureddine, ambassadrice du Liban en Suisse

"L'agression israélienne est démesurée"

Le gouvernement israélien a évoqué la légitime défense pour justifier son action militaire à la frontière avec le Liban afin de se protéger des attaques du Hezbollah et permettre aux déplacés du nord d'Israël de regagner leur domicile. Une stratégie dont doute la représentante libanaise, qui estime au contraire que cela va causer encore plus de déplacés.

"Je crois que les tirs du Hezbollah vers Israël étaient restés dans une certaine mesure. Au contraire, l'agression israélienne est démesurée [...], très criminelle et elle ne répond pas au droit international humanitaire [...], avance-t-elle. "Il n'y a pas d'égalité, ici, dans l'ampleur de l'action", juge Rola Noureddine.

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L'ambassadrice rappelle que "le Liban ne veut pas la guerre" et a multiplié les annonces en ce sens. "Nous voulons un retour au calme et l'application stricte de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU. Pour cela, nous avons pris des dispositions pratiques pour recruter 1500 soldats additionnels dans l'armée, afin de les déployer à nouveau au sud du [fleuve] Litani. Nous avons aussi déclaré notre intention de revenir à des discussions tripartites avec la FINUL [Force intérimaire des Nations unies au Liban, ndlr] pour résoudre les points de contentieux sur la ligne bleue avec Israël."

Une situation humanitaire "dramatique"

A la question de savoir si le Liban n'a pas réussi à gérer le Hezbollah et a laissé faire la milice chiite, Rola Noureddine estime que depuis 2006, la situation était "quand même relativement contrôlée". Mais aujourd'hui, "les choses se compliquent dans la région" et ce n'est pas le moment de "parler de déposer les armes". "La priorité aujourd'hui est au cessez-le-feu", ajoute-t-elle.

Evoquant encore la situation humanitaire dans son pays, l'ambassadrice libanaise en Suisse considère qu'elle est "dramatique". "L'ampleur de l'agression est énorme, la destruction est énorme. Nous comptons aussi sur les pays amis qui pourraient nous donner de l'aide, surtout dans le domaine de la santé. Aujourd'hui, il y a une solidarité libanaise exemplaire, mais nous attendons de l'aide dans beaucoup de domaines."

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Propos recueillis par Pietro Bugnon

Article web: Jérémie Favre

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