L'Allemagne au cœur d'un trafic de bateaux pneumatiques pour traverser clandestinement la Manche
Pour mener l'enquête, un journaliste du média public britannique s'est fait passer pour un migrant syrien désirant rejoindre le Royaume-Uni avec sa famille et ses amis. Il est parvenu à entrer en contact avec deux contrebandiers basés dans la ville d'Essen, pas très loin de la frontière avec les Pays-Bas.
Ils lui proposent, pour 14'000 francs, l'acheminement vers la France d'un canot pneumatique avec gilets de sauvetage. Les deux contrebandiers affirment avoir une dizaine d'entrepôts autour d'Essen où sont stockés les bateaux importés de Turquie.
Trous dans la législation allemande
Essen est une ville allemande de taille moyenne où résident beaucoup de migrants et migrantes. Elle est suffisamment proche de Calais pour qu'on puisse s'y rendre assez rapidement en prenant l'autoroute. En quatre ou cinq heures, il est possible de rejoindre la ville portuaire, située proche des côtes d’où partent les clandestins pour gagner le Royaume-Uni.
L'Agence nationale britannique contre le crime organisé (Britain's National Crime Agency) confirme que l'Allemagne est devenue un point de transit important de stockage des bateaux et des moteurs utilisés pour les traversées de la Manche.
Même s’il y a beaucoup moins de contrôles à Essen que sur les plages du nord de la France, des descentes de police ont d'ailleurs parfois lieu, mais le pouvoir des forces de l'ordre est limité. Car faciliter le passage de clandestins n'est pas considéré comme illégal en Allemagne, si cela se fait vers un pays hors de l'UE, comme c'est le cas du Royaume-Uni depuis le Brexit.
Sujet radio: Catherine Illic
Adaptation web: Lucie Ostorero