L'auteur présumé de l'attentat au couteau qui a fait trois morts et huit blessés lors de festivités locales vendredi soir est un Syrien de 26 ans soupçonné de liens avec l'organisation Etat islamique (EI). Après une cavale de 24 heures, il s'est rendu aux autorités et a déclaré "être responsable" du crime.
Venu se recueillir sur les lieux, le dirigeant allemand s'est engagé à durcir "très rapidement" la législation sur les armes et de "tout faire" pour "expulser ceux qui ne peuvent et ne doivent pas rester en Allemagne".
"Colère"
Olaf Scholz a dit aussi sa "colère" face à cet acte de "terrorisme contre nous tous", dénonçant les "islamistes qui menacent la coexistence pacifique entre nous tous".
Bouquets de fleurs, bougies, messages témoignent de l'émotion qui a saisi la ville de quelque 160'000 habitants située à l'ouest du pays, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
La deuxième attaque avant des élections
L'histoire paraît se répéter: fin mai, soit peu de temps avant les élections européennes du 9 juin, s'était produite une attaque au couteau perpétrée cette fois par un Afghan de 25 ans à Mannheim (ouest).
L'assaut, qui avait visé un rassemblement anti-islam et pourrait avoir une motivation islamiste, avait coûté la vie à un policier et fait cinq blessés.
Trop peu d'expulsions
L'attentat fragilise un peu plus la coalition d'Olaf Scholz, pressée depuis plusieurs semaines d'expulser plus efficacement les déboutés du droit d'asile et de reprendre les expulsions de délinquants vers l'Afghanistan et la Syrie.
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Or des données récemment publiées par la police fédérale ont montré que l'Allemagne avait procédé à l'expulsion de 21'206 personnes l'an passé, alors qu'elle en avait prévu près de 53'000. L'échec des procédures est lié souvent à une absence de documents officiels des personnes visées ou un manque de place dans les centres de rétention.
"L'Etat dépassé"
L'attaque renforce la perception véhiculée notamment par le parti d'extrême droite AfD selon laquelle "l'État est complètement dépassé", indique la politologue Ursula Münch, directrice de l'Académie pour la formation politique.
Le suspect est arrivé dans le pays en décembre 2022 et faisait l'objet d'une mesure d'expulsion vers la Bulgarie, où son entrée avait été enregistrée et où il aurait dû déposer sa demande d'asile.
L'AfD, bien placée pour obtenir un score inédit lors des élections régionales du week-end prochain en Saxe et en Thuringe, a accusé les gouvernements successifs d'avoir provoqué "le chaos" en accueillant trop d'immigrés. La co-présidente de l'AfD Alice Weidel a demandé l'arrêt de l'immigration et des naturalisations pendant cinq ans.
Friedrich Merz, le président du parti conservateur CDU, a de son côté a dénoncé la "naïveté" du gouvernement Scholz en matière de politique migratoire et a demandé que l'Allemagne n'accueille plus de Syriens et d'Afghans.
Selon les sondages, dans les deux Länder qui voteront le week-end prochain, la Thuringe et la Saxe, le parti d'extrême droite AfD devrait arriver en tête devant les partis traditionnels. Le parti social démocrate SPD ne devrait, lui, recueillir que 6 à 7% des voix et les sondages sont encore plus pessimistes pour les deux autres partis de la coalition au pouvoir, les libéraux et les Verts.
Sujet radio: Blandine Milcent
Texte web: juma avec ats