L'Autriche se rend aux urnes dans une lutte serrée entre l'extrême droite et les conservateurs
"Cette fois, ce sera différent. Je ne veux pas nous porter malheur mais je le sens: cette fois, nous allons gagner", a lancé le chef du Parti de la Liberté (FPÖ) Herbert Kickl lors de son ultime meeting de campagne vendredi, organisé comme un symbole en plein coeur historique de Vienne.
Dans un contexte de montée des partis radicaux en Europe, les sondages donnent cette formation fondée par d'anciens nazis à 27%, suivie de près par les conservateurs de l'ÖVP (25%), leurs partenaires écologistes de la coalition étant crédités de seulement 8%. Les sociaux-démocrates du SPÖ sont quant à eux donnés à 20% des intentions de vote.
Une première place pour l'extrême droite provoquerait un séisme dans le pays alpin, de l'avis des analystes, car si elle a déjà goûté au pouvoir, elle n'a encore jamais fini en tête d'un scrutin national. Mais Herbert Kickl, si extrême qu'aucun parti ne veut gouverner avec lui, est loin d'être assuré d'accéder à la chancellerie.
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Le FPÖ, à droite toute
Laminé en 2019 par le retentissant scandale de corruption de l'Ibizagate, le FPÖ a remonté la pente sous l'impulsion d'un Herbert Kickl peu prédestiné pourtant à être dans la lumière et qui a prospéré sur les peurs sociales et économiques traversant le continent.
Proche de certains groupuscules décriés, celui qui veut, au pays natal d'Adolf Hitler, se faire appeler comme lui "Volkskanzler" (chancelier du peuple), a repris à son compte le terme de "remigration", avec comme projet de déchoir de leur nationalité et d'expulser des Autrichiens d'origine étrangère.
Cet ex-ministre de l'Intérieur, âgé de 55 ans, a aussi su attirer les anti-vaccins avec ses propos conspirationnistes contre les mesures anti-Covid, les plus démunis touchés par l'inflation et tous ceux sensibles à la neutralité autrichienne en condamnant les sanctions contre la Russie.
Les conservateurs bien placés pour rester au pouvoir
En face, le chancelier Karl Nehammer, chef de file des conservateurs, a réduit l'écart ces dernières semaines en jouant la carte d'un parti "au centre" de l'échiquier politique, en dépit de positions très tranchées sur l'immigration. Cet ancien ancien lieutenant de 51 ans, à la carrure imposante, appelle à voter "contre la radicalité, pour la stabilité et non le chaos".
Malgré une chute attendue de plus de dix points comparé au scrutin de 2019, l'ÖVP, au pouvoir depuis 1987, devrait sauf surprise conserver la chancellerie, pronostiquent les experts, mais les tractations seront longues pour trouver des partenaires.
Quelle alliance pour un nouveau gouvernement?
Si Karl Nehammer répète qu'il ne veut pas s'allier avec Herbert Kickl, il ne rejette pas une éventuelle coalition avec l'extrême droite, comme en 2000 et 2017. Leurs programmes sont proches, notamment sur l'économie, mais voudra-t-il retenter l'aventure après la dernière expérience émaillée par une série de scandales et avortée au bout d'à peine deux ans?
D'autant qu'en cas de large victoire du FPÖ, les conservateurs n'accepteront pas d'être le partenaire minoritaire. Ils préféreront sans doute s'associer avec les sociaux-démocrates et les libéraux de Neos. Un format à trois serait une première en Autriche. Avec les Verts, en revanche, les sujets de discorde sont nombreux et le divorce semble consommé.
afp/dk