Une vingtaine de kilomètres carrés entourés par un mur d’enceinte de 7 mètres de haut serait en cours de construction le long de la frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza. C’est ce qu’a révélé une ONG locale la semaine dernière, images satellites à l’appui.
Ces dernières, prises jeudi, montrent des engins de chantier construisant un mur dans la partie égyptienne de Rafah, un secteur ultra-sécurisé et interdit à la presse en raison des "opérations militaires contre des djihadistes". Le terrain a également été nivelé, selon des images prises entre le 10 et le 15 février.
L’enclos devrait pouvoir accueillir plus de 100'000 personnes, ont confirmé des sources égyptiennes anonymes au Wall Street Journal. Selon l’ONG, les travaux ont commencé le 12 février en prévision d’une offensive de l’armée israélienne dans la ville palestinienne de Rafah, de l’autre côté de la frontière, devenue le refuge d'un million et demi de Gazaouis.
L'information a été très rapidement démentie par les autorités égyptiennes. Depuis le début du conflit, Le Caire s’oppose fermement à tout déplacement forcé de population vers son territoire.
Présent ce week-end à la conférence sur la sécurité de Munich, le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Chouckry rappelle que des travaux importants sont quotidiennement effectués à Rafah, sans qu'il s'agisse de la construction d'un camp.
"Notre intention n'est pas du tout de créer une zone sécurisée et équipée. Mais naturellement, si l'attaque a lieu, nous agirons avec toute l'humanité nécessaire et nous aiderons tous les civils innocents dans le besoin. Mais cela ne signifie pas du tout que nous encourageons et que nous sommes prêts à accepter cette éventualité", affirme-t-il lundi dans La Matinale de la RTS.
Le chef de la diplomatie égyptienne souligne également qu'un afflux massif de réfugiés palestiniens en Egypte serait non seulement un danger de déstabilisation pour son pays, mais aussi pour toute la région. "Nous continuons de lancer un appel à tous nos amis et alliés et à tous ceux qui comprennent la complexité et les dangers de la situation. Ils doivent dire clairement qu'un déplacement de population massif aura des conséquences.
Les États-Unis et l’ONU exhortent l’État hébreu à renoncer à une opération militaire dont les conséquences sont déjà qualifiées de "désastreuses". Israël de son côté assure n’avoir pas l’intention de déplacer des civils vers l’Égypte.
Menace pour l'accord de paix
"L'État d'Israël n'a aucune intention d'évacuer les civils palestiniens en Égypte. Nous respectons et valorisons notre accord de paix avec l'Égypte, (pays) qui est la pierre angulaire de la stabilité dans la région et aussi un partenaire important", a déclaré vendredi le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant.
Dans la foulée des accords de Camp David, Israël et l'Égypte ont scellé la paix en 1979, premier traité du genre entre un pays arabe et l'État hébreu. Mais selon des informations de presse, Le Caire a menacé de suspendre cet accord si des Palestiniens de Gaza étaient repoussés par Israël vers le Sinaï.
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Martin Dumas Primbault/bl/kkub