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L'éminent rédacteur en chef de L'Express qui était un espion du KGB

Le journaliste français et rédacteur en chef du journal L'Express Philippe Grumbach a travaillé comme espion entre 1946 et 1981 pour les services secrets soviétiques (KGB). [AFP/STAFF]
Ce journaliste-vedette qui était un espion soviétique / Tout un monde / 2 min. / le 16 février 2024
Le magazine français L'Express a révélé l'histoire étonnante de celui qui a été son rédacteur en chef dans les années 70: Philippe Grumbach était certes considéré comme un éminent journaliste, mais il était surtout un espion à la solde des services secrets de l'URSS.

"Un journaliste brillant. Mais aussi un traître à la France qui, pendant 35 ans, a émargé au KGB", a expliqué le magazine jeudi dans un long article. "Son entourage intime a confirmé cette relation occulte à L'Express. Proche de Mitterrand et de Giscard, il a été, à l'insu de tous, un des plus grands espions soviétiques de la Vème République", affirme le rédacteur en chef Etienne Girard, qui signe avec Anne Marion une enquête de longue haleine, menée dans les archives du KGB.

"Il était impossible de ne pas dévoiler cette zone d'ombre au sein d'un journal qui, de Jean-Jacques Servan-Schreiber à Jean-François Revel, de François Mauriac à Raymond Aron, s'est toujours attaché à combattre les utopies totalitaires et les ravages du communisme", écrivent Etienne Girard et Eric Chol, directeur de la rédaction, dans l'édito du magazine.

"Brok", l'espion proche des puissants

Philippe Grumbach, qui est décédé en 2003 à 79 ans, a été rédacteur en chef de L'Express de 1956 à 1960, avant de devenir le directeur de la rédaction en 1974. Il a aussi été secrétaire de rédaction à l'Agence française de presse (l'ancienne AFP) de 1946 à 1948.

Mais il était aussi et surtout "Brok", un espion à la solde du KGB et même des pièces maitresses du réseau d’espionnage soviétique en France. Gravitant dans l'entourage direct des dirigeants français durant des décennies, le journaliste avait gagné leur confiance et recevait certaines de leurs confidences. C'est justement ce qui aurait intéressé les services secrets russes. Moscou aurait ainsi tenté d’influencer à travers lui la présidentielle de 1974 au bénéfice de François Mitterrand, alors proche des communistes.

Idéologie ou goût de l'argent?

Etait-il espion "par idéologie" puis "par goût de l'argent?", questionne l'actuel directeur de la rédaction de L'Express. "Sur le champ du déshonneur, le nom de Philippe Grumbach rejoint celui d'autres agents de l'Est infiltrés dans les plus hautes sphères de l'Etat ou dans les médias, et désormais démasqués", assène-t-il, rappelant en particulier que, "dès 1996, L'Express avait révélé comment l'ancien ministre Charles Hernu travaillait pour le compte du KGB et de ses satellites".

"Cette pénétration soviétique dans les sphères du pouvoir durant la Guerre froide doit en permanence nous appeler à un devoir de vigilance", souligne Eric Chol, évoquant les récentes tentatives d'ingérences étrangères en France.

boi avec afp

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