L'employé français d'une ONG suisse arrêté à Moscou placé en détention provisoire jusqu'au 5 août
La Cour a prononcé cette décision, à la demande des enquêteurs, bien que l'accusé ait présenté des "excuses" pour ne pas s'être enregistré comme agent de l'étranger et avoir affirmé avoir "porté la position de la Russie" dans son travail.
Le Français de 47 ans est titulaire d'un doctorat de l'Institut d'Etudes politiques de Paris qui porte sur les guerres en Tchétchénie. Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages sur la Russie, le Caucase et l'Asie centrale. Il est soupçonné d'avoir illégalement recueilli des informations sur les activités militaires de la Russie, mais a été officiellement poursuivi à l'heure actuelle pour avoir violé une loi traitant des "agents de l'étranger", qui est utilisée par les autorités russes pour réprimer leurs détracteurs, un délit passible de cinq ans de prison.
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"Rétablir la vérité"
L'employeur de ce Français, le Centre pour le dialogue humanitaire (HD Centre), a demandé sa "libération" et le président français Emmanuel Macron a martelé que l'intéressé n'était "en aucun cas (...) quelqu'un qui travaille pour la France". "Il recevra toutes les protections consulaires qui conviennent dans un tel cas. Mais je voulais ici rétablir la vérité face aux intoxications qu'on entend", a-t-il dit.
L'homme travaillait depuis de longues années sur le conflit entre la Russie et l'Ukraine, avant même l'assaut de février 2022, dans le cadre de discrets efforts diplomatiques en parallèle des États.
Les médiateurs d'ONG comme HD travaillent dans la confidentialité et hors des carcans de la diplomatie classique, ce qui permet des contacts informels entre adversaires mais cela peut aussi exposer ces acteurs à des accusations d'espionnage.
Des relations russo-suisses tendues
Cette affaire intervient en pleine aggravation des tensions russo-françaises et russo-suisses en raison de l'offensive russe contre l'Ukraine.
Le Kremlin considère que la Confédération ne respecte pas sa sacro-sainte neutralité car elle a adopté les sanctions européennes et accueille les 15-16 juin le sommet pour la paix au Bürgenstock (NW), à la demande de Kiev, tout en en excluant la Russie.
Les responsables russes accusent la Suisse d'"avoir perdu toute crédibilité en tant que pays neutre et vilipendent la conférence organisée par la Suisse. Faut-il voir un lien avec cette arrestation?", s'interroge le quotidien suisse Le Temps.
Le chef de la communication du DFAE Nicolas Bideau évacue toutefois cette hypothèse: "Il s'agit d'un citoyen français, cela concerne les autorités françaises. Nous n'avons à l'heure actuelle pas de projet avec cette ONG en Russie, je ne fais pas le lien", a-t-il déclaré dans le 19h30 de la RTS.
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afp/edel
Emmanuel Macron exige une libération sans délai
Emmanuel Macron a appelé la Russie à libérer sans délai le ressortissant français travaillant pour une ONG suisse accusé de collecter des renseignements sur l'armée russe, qui a été placé vendredi en détention provisoire.
"Les éléments de propagande qui ont été donnés sur lui ne correspondent pas à la réalité", a réagi le président français. "Et donc nous appelons à la clarification de tous les éléments par la Russie et à sa libération la plus rapide", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.
"N'importe qui peut être sur la liste" des agents de l'étranger
Interrogée dans l'émission Forum, Nadia Sikorsky, éditrice du média russophone Nasha Gazeta, basé à Genève, explique qu'il est difficile de dire si les accusations sont justes ou pas. "Ce que je peux dire, c'est qu'avec un peu de mauvaise foi et cela ne manque pas à Moscou, on peut mettre sur cette liste pratiquement n'importe qui et surtout n'importe quel étranger. Normalement, pour être mis sur cette liste, il faut avoir une activité sur le sol russe."
Elle mentionne qu'elle-même a été accusée de russophobie par l'ambassade russe à Berne, bien qu'elle travaille en Suisse.