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L'épave du galion San José suscite de nombreuses convoitises

L'archéologue colombien Ernesto Montenegro présente les images des restes de l'épave du navire San José, un galion impérial espagnol du dix-huitième siècle qui a coulé chargé d'or. [Keystone/AP Photo - Pedro Mendoza]
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Coulé il y a plus de 300 ans au fond des eaux colombiennes, le San José a emporté avec lui des bijoux et des objets de grande valeur. Son trésor est estimé entre 15 et 20 milliards de dollars. Aujourd’hui, plusieurs pays se disputent la propriété de cette épave. La Colombie, pour sa part, dit vouloir en faire une mission scientifique.

En mai, le gouvernement colombien a déclaré "zone archéologique protégée" l'endroit où gît le galion espagnol San José. Cette déclaration de zone archéologique "garantit la protection du patrimoine par sa préservation à long terme et le développement d'activités de recherche, de conservation et de valorisation", a déclaré le ministère de la Culture.

La première phase de recherche intitulée "Vers le coeur du galion San José" est qualifiée de non intrusive. Elle implique l’envoi de robots à une profondeur de 600 mètres pour filmer et photographier le navire. "Un diagnostic sera effectué à l'aide de capteurs télécommandés, il n'y aura donc pas d'excavation ni d'intervention", explique Maria Victoria Uribe, directrice de l’institut colombien d’anthropologie et d’histoire, dans l'émission Tout un Monde de la RTS mercredi.

"L’objectif est de comprendre comment le navire s’est transformé au cours des trois derniers siècles", détaille-t-elle. L'institut espère également utiliser ces informations pour reconstruire l’histoire du navire, déterminer l’origine de ses matériaux et de ses objets.

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Décolonisation et réparation culturelle

Depuis le XVIIIᵉ siècle, le San José repose dans la mer des Caraïbes entre Carthagène et les îles du Rosaire. Le navire, qui appartenait à la couronne espagnole, a été coulé par des pirates anglais. On estime que ses pièces d’or, d’argent et ses bijoux valent près de 20 milliards de dollars. Un trésor qui sème la discorde entre plusieurs pays dont l’Espagne, la Colombie et les Etats-Unis, qui revendiquent tous sa propriété.

La nation indigène de Qhara Qhara en Bolivie revendique également ses richesses, arguant qu’elles proviennent de leurs terres et ont été extraites par les indigènes boliviens sous la contrainte des Espagnols.

Bien que ce butin suscite de nombreux intérêts, la Colombie insiste sur le fait que la mission doit rester scientifique. Puisque l'épave se trouve dans ses eaux territoriales, la Colombie déclare qu'elle est d'intérêt culturel national et que l'ensemble de son contenu lui appartient. "Dans le but de partager ce que nous allons découvrir, nous invitons tous les pays intéressés à participer au projet", précise Adriana Molano.

Selon elle, la Colombie veut donc partager ses connaissances, mais aussi "engager différents débats (...) et initier un dialogue ouvert avec l’Espagne sur la décolonisation, ainsi qu’avec la Bolivie et la nation Qhara Qhara sur une réparation historique, spirituelle et culturelle", ajoute-t-elle.

Un musée pour le San José

Les premiers résultats concrets de la mission scientifique devraient être dévoilés à la fin de l’année. Lors du lancement de la mission, un site internet dédié sera inauguré. "Il donnera accès aux informations recueillies durant la première phase de recherche", déclare le vice-amiral John Fabio Giraldo Gallo, en charge de l’équipe.

Selon le ministère de la Culture, l’ensemble des objets, échantillons ou matériels qui seront extraits du galion seront utilisés pour créer un musée qui retracera l’histoire du navire et de l’époque de la colonisation espagnole en Amérique latine.

Aucune information n’a été divulguée concernant la valeur marchande de la cargaison du navire. Cependant, un procès a été intenté par l’entreprise américaine Sea Search Armada contre l’Etat colombien depuis février dernier. L’entreprise revendique 50% de la valeur des biens, affirmant avoir été la première à découvrir l’épave en 1982.

Sujet radio: Najet Benrabaa

Adaptation web: Miroslav Mares

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