C’était l’atout de leur restaurant, c’est devenu leur plus grande source d’angoisse depuis que la mer a envahi leur terrasse pendant le week-end de Pâques. "Rien que de l’eau, du sable, des galets partout… On n’avait jamais vu ça avant, on a eu peur. Et on a peur que ça recommence!", témoigne Julia Compte, cheffe de salle du restaurant Refugi de pescadors à Sant Antoni de Calonge, dans le 12h45 de jeudi.
La plage sur laquelle est installé le restaurant faisait 40 mètres avant le passage de la tempête Nelson. Mais les douches ont été arrachées. Et face à la violence des vagues, le ponton a cédé. Le maire estime que les réparations coûteront deux millions de francs. "La saison touristique approche. Il faut absolument faire les réparations en urgence", s'alarme Jordi Soler.
Réchauffement climatique en cause
Toute la côte catalane est touchée. Les plages reculent de 50 centimètres chaque année et sont menacées de disparition.
Le niveau de la mer augmente et ça va continuer avec la fonte des glaciers. On ne peut plus revenir en arrière
Laia Romero, océanographe, directrice et cofondatrice de Lobelia, mesure l’érosion côtière et remarque qu'elle s'accélère inexorablement.
"Le niveau de la mer augmente et ça va continuer avec la fonte des glaciers. Aujourd’hui, on ne peut plus revenir en arrière. Il y aura de plus en plus d’évènements météorologiques extrêmes. Et le phénomène est aggravé par l’activité humaine", constate-t-elle.
Barrière naturelle
La plage est plus résiliente (grâce aux barrières naturelles, ndlr). Cette zone peut s’éroder en cas de tempête, mais si la dune a accumulé assez de sable, elle ne sera pas totalement détruite et elle agira comme une protection
Pour fixer le sable, des scientifiques restaurent les dunes grâce à des barrières, explique Carla Garcia Lozano, géographe à l'université de Gérone. "Les barrières arrêtent le sable, ce qui permet d'éviter au vent de l'emporter et lui permet de s'accumuler".
En trois ans, la méthode a fait ses preuves. Les dunes et leur végétation forment désormais une barrière naturelle. Elles ont par exemple résisté à la tempête Nelson.
"La plage est plus résiliente. Cette zone peut s'éroder en cas de tempête, mais si la dune a accumulé assez de sable, elle ne sera pas totalement détruite et elle agira comme une protection", poursuit la scientifique.
Mais rendre toutes les plages à la nature implique de détruire les constructions trop proches de la mer. Une décision difficile à prendre dans une région où le tourisme représente parfois la moitié de l’économie.
Sujet TV: Auriane Loizeau et Romain Ripoteau
Adaptation web: juma