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L'état d'urgence a été prolongé d'un mois à Port-au-Prince, la capitale d'Haïti

Face aux gangs, Haïti prolonge son état d'urgence. [Keystone - AP Photo/Odelyn Joseph]
L'état d'urgence a été prolongé d'un mois à Port-au-Prince, la capitale d'Haïti / Le Journal horaire / 25 sec. / le 7 mars 2024
Les autorités en Haïti ont prolongé jeudi d'un mois l'état d'urgence dans la capitale Port-au-Prince face à une poussée de violence des gangs. Le système de santé de ce pays pauvre des Caraïbes est "proche de l'effondrement", selon l'ONU.

Alors que le contrôle de larges zones de la capitale est revenu au profit de bandes criminelles, le journal officiel a publié un "arrêté instaurant l'état d'urgence sécuritaire sur toute l'étendue du département de l'Ouest", qui comprend Port-au-Prince, "pour une période d'un mois".

Un premier état d'urgence et un couvre-feu - difficilement applicable - avaient déjà été déclarés dimanche après l'attaque de prisons par des gangs ayant provoqué l'évasion de milliers de détenus.

Un nouveau couvre-feu nocturne a également été décrété jeudi, et ce jusqu'à lundi, de 18h00 à 05h00 dans le département de l'Ouest.

Postes de police attaqués

Mercredi soir, une nouvelle antenne de police a été incendiée dans Port-au Prince, a indiqué à l'AFP Lionel Lazarre, coordonnateur général du Syndicat national de policiers haïtiens (Synapoha), mais les policiers ont eu le temps de le quitter avant l'attaque.

Les bandes criminelles, qui contrôlent notamment les routes reliant Port-au-Prince au reste du territoire, s'en prennent ces derniers jours à des sites stratégiques du pays.

Selon un décompte du Synapoha, depuis le début des attaques coordonnées des gangs, 10 bâtiments de police ont été détruits et deux prisons civiles attaquées et vidées de leurs détenus.

Premier ministre mis sous pression

Un influent chef de gang, Jimmy Chérizier dit "Barbecue", a assuré mardi que si le Premier ministre Ariel Henry ne démissionnait pas et si la communauté internationale continuait de le soutenir, le pays allait "tout droit vers une guerre civile qui conduira à un génocide".

>> Lire à ce sujet : En Haïti, un influent chef de gang menace d'une "guerre civile"

Le dirigeant, qui aurait dû quitter ses fonctions début février, était à l'étranger et n'est toujours pas parvenu à rentrer en Haïti, empêché notamment par l'absence de sécurité autour de l'aéroport international.

Jeudi matin, Ariel Henry se trouvait toujours à Porto Rico, a indiqué à l'AFP le porte-parole de la police aux frontières de ce territoire américain des Caraïbes.

afp/ami

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Système de santé "proche de l'effondrement"

Le système de santé en Haïti est "proche de l'effondrement", a alerté jeudi le bureau de l'ONU pour les affaires humanitaires (OCHA).

"De nombreux établissements de santé sont fermés ou ont dû réduire drastiquement leurs opérations en raison d'une pénurie inquiétante de médicaments et de l'absence du personnel médical", a précisé OCHA, évoquant également des pénuries de sang, d'équipements médicaux ou de lits pour traiter les blessés par balles.

Alors que les administrations et les écoles restent fermées, beaucoup d'habitants tentent de fuir les violences.

La crise en Haïti requiert une "réponse internationale" comme l'Ukraine ou Gaza, plaide un responsable américain

Le chef de la diplomatie américaine s'est entretenu jeudi avec le Premier ministre haïtien Ariel Henry et a plaidé pour une transition politique "urgente", a déclaré un responsable américain, appelant à une "réponse internationale" à la crise que traverse Haïti.

Antony Blinken a parlé avec le chef du gouvernement haïtien du "besoin urgent d'accélérer la transition vers un gouvernement plus large et inclusif", a indiqué Brian Nichols, haut responsable du département d'Etat à la presse, ajoutant que la situation en Haïti appelait "une réponse internationale, de la même manière que la communauté internationale" en Ukraine ou à Gaza.