Modifié

"L'Europe doit être plus autosuffisante dans sa défense", plaide un sénateur républicain

La soixantième édition de la Conférence de Munich sur la sécurité. [Keystone - EPA/Anna Szilagyi]
La soixantième édition de la Conférence de Munich sur la sécurité / Tout un monde / 6 min. / le 19 février 2024
Le sénateur américain pro-Trump J.D. Vance a porté la parole de l'ex-président à la 60e Conférence sur la sécurité de Munich la semaine dernière. Interrogé à cette occasion par Tout un monde, le républicain a plaidé pour un renforcement de l'autosuffisance européenne en matière de défense.

Dirigeants, parlementaires et ONG se sont retrouvés lors de la 60e édition de la Conférence de Munich sur la sécurité, sur fond d'inquiétudes sur la situation internationale, dominée par les guerres en Ukraine et dans la bande de Gaza, ainsi que par la mort de l'opposant russe Alexeï Navalny et les propos de Donald Trump sur l'Otan. L'événement a accueilli un nombre record de participants.

>> Le bilan de la 60e Conférence sur la sécurité de Munich : Bilan contrasté après la conférence sur la sécurité de Munich

Le sénateur américain J.D. Vance, fervent supporter de Donald Trump qui pourrait être choisi par l'ancien président pour être son futur vice-président, était notamment présent en Allemagne pour y véhiculer la position du milliardaire républicain.

Si l'actuelle vice-présidente américaine Kamala Harris a tenté de rassurer ses alliés européens à Munich, J.D. Vance est lui venu porter un message beaucoup plus ferme. L'élu républicain de l'Ohio s'oppose farouchement à un nouveau paquet d'aide à l'Ukraine d'un montant de 60 milliards de dollars, toujours bloqués au Congrès.

Un renforcement de la défense européenne demandé

"Les Européens estiment que le problème de l'aide à l'Ukraine est simplement un manque fondamental de volonté politique de la part des États-Unis. Ce que j'ai essayé de faire comprendre, c'est que le manque de volonté politique est dû en partie au fait que la contrainte aux États-Unis n'est pas l'argent, mais la main d'oeuvre et les munitions. L'Europe et les États-Unis ne fabriquent pas assez d'armes, de missiles ou d'obus d'artillerie pour soutenir une guerre sur plusieurs fronts dans le monde entier", a expliqué J.D. Vance lundi dans Tout un monde.

Il existe une demande pour ces systèmes en Israël et en Europe de l'Est et il y a une éventualité que l'Asie de l'Est en ait aussi besoin, a ajouté le sénateur de l'Ohio. Actuellement, "nous nous concentrons beaucoup plus sur l'Asie de l'Est. Cela suggère que les Européens ont besoin d'accélérer un peu. Mais en attendant, si cette aide [à Kiev] est adoptée par la Chambre des représentants, elle n'augmentera pas radicalement la fourniture d'armes à l'Ukraine, car nous avons déjà dépensé une grande partie de nos ressources en munitions", a-t-il encore affirmé.

Si Vladimir Poutine représente une menace existentielle pour l'Europe, il ne semble pas que les Européens agissent en conséquence. Je pense qu'ils doivent jouer un rôle plus agressif dans leur propre défense

J.D. Vance, sénateur de l'Ohio

Le sénateur est aussi revenu sur les propos de Donald Trump, qui a récemment menacé lors d'un meeting de ne plus garantir la protection de l'Otan face à la Russie en cas de réélection. "Il est évident que nous apprécions l'Otan. Mais le message politique de mon bord politique est que l'Europe doit être un peu plus autosuffisante. Nous essayons désespérément d'amener nos alliés européens à dépenser 2% de leur PIB pour la défense. La plupart d'entre eux ont atteint ce seuil, mais de justesse. Si Vladimir Poutine représente une menace existentielle pour l'Europe, il ne semble pas que les Européens agissent en conséquence. Je pense qu'ils doivent jouer un rôle plus agressif dans leur propre défense", a alerté J.D. Vance.

D'après lui, si l'Europe continue à l'avenir de refuser de "jouer un rôle autonome dans sa propre défense, elle finira par être attaquée, quoi que fassent les Etats-Unis".

>> Réécouter les précisions de Tout un monde concernant les propos de Donald Trump sur l'Otan et la Russie :

Sécurité de l'Otan non garantie et expulsion de migrants au programme si Donald Trump est réélu. [Reuters - Sam Wolfe]Reuters - Sam Wolfe
Les propos de Donald Trump sur l’OTAN et la Russie laissent perplexe / Tout un monde / 3 min. / le 12 février 2024

Donald Trump "plus efficace" que Joe Biden pour l'Otan

Lors de la Conférence sur la sécurité de Munich, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, favori pour succéder à Jens Stoltenberg au poste de secrétaire général de l'Otan et qui estime que les Etats européens devraient consacrer davantage que 2% de leur PIB à la défense, a balayé les plaintes au sujet d'un éventuel retour de Donald Trump à la présidence américaine.

"C'est ironique, beaucoup de personnes réunies ici [à Munich] supposent, sans aucune preuve, que Vladimir Poutine préfère que Donald Trump soit le prochain président des Etats-Unis. Pourtant, lorsque vous lui posez la question, il répond qu'il préfère Joe Biden, car Biden est bien plus prévisible", a souligné J.D. Vance.

Selon le sénateur, l'imprévisibilité du candidat républicain dans la conduite de sa diplomatie rend nerveux certains des participants de la conférence. "Je pense au contraire que cela constitue un moyen de dissuasion plus efficace pour les Etats-Unis et l'Otan. Ce que dit Donald Trump, c'est que nous vivons dans un monde nouveau. Les cinquante dernières années de politique de sécurité des États-Unis et de l'Otan ne permettront pas de prédire les cinquante prochaines années. L'Europe doit être plus autosuffisante, j'espère que nos amis prendront cela à cœur", a-t-il martelé.

L'Otan doit être plus qu'un client des Etats-Unis, elle doit être une véritable alliance

J.D. Vance, sénateur de l'Ohio

Alors qu'une grande partie des pays européens a vu les récentes déclarations de Donald Trump comme une menace, J.D. Vance estime que les propos de l'ex-président sont une "reconnaissance du fait que l'Europe doit jouer un rôle plus important dans sa propre défense". "L'Otan doit être plus qu'un client des Etats-Unis, elle doit être une véritable alliance", a insisté le républicain.

>> Lire aussi : Donald Trump menace de ne plus garantir la protection de l'Otan face à la Russie

Propos recueillis par Benjamin Luis

Adaptation web: Isabel Ares

Publié Modifié