L’impact de la crise financière et des restrictions migratoires sur les universités britanniques
Le secteur universitaire britannique est structuré en catégories, avec des établissements prestigieux comme Oxford ou Cambridge en tête. En revanche, des universités comme Goldsmiths à Londres, bien que réputée pour les arts appliqués et les sciences sociales, ont dû faire face à des coupes budgétaires drastiques l’année dernière.
Mardi, dans l'émission Tout un Monde de la RTS, Luca, étudiant en sociologie, explique qu'il a été directement impacté par ces restrictions. "Dans le département de sociologie, presque la moitié du corps professoral a été licenciée. Les enseignants restants doivent donc corriger le double de travaux, ce qui prend plus de temps. J’aurais pu rester ici pour faire un Master, mais vu la situation, cela semble désormais peu probable."
Le modèle de financement des universités britanniques
Contrairement à de nombreux systèmes européens, les universités britanniques ne font pas partie du secteur public. Bien qu’elles reçoivent 25% de leur budget de l’Etat, en grande partie pour la recherche, elles dépendent principalement des frais universitaires pour leur financement.
Ces frais ont été introduits sous Tony Blair en 2006, avec un plafond initial de 3000 livres par an. Ce plafond a été triplé à 9000 livres en 2012 après la crise financière. Cependant, il est resté quasiment inchangé depuis et est actuellement de 9250 livres, soit un peu plus de 10'000 francs suisses par an.
Les universités ont compensé ce manque à gagner grâce aux frais plus élevés payés par les étudiants étrangers. Toutefois, une nouvelle mesure limitant l’immigration de ces étudiants a eu un impact immédiat sur leurs revenus.
Conséquences de la chute des inscriptions internationales
"Il y a environ 600'000 étudiants étrangers outre-Manche, soit un quart de la population étudiante totale. En un an, ce chiffre a baissé de 16%", explique explique Nick Elman, directeur de l’Institut des politiques de l’enseignement supérieur.
Mais la situation diffère selon les universités, précise-t-il. Oxford, Cambridge, Manchester et Edimbourg continuent de recevoir plus de demandes de l’étranger qu’elles ne peuvent en accepter. En revanche, d’autres universités ont vu le nombre d’étudiants étrangers chuter de 40%.
Une baisse soudaine des inscriptions d’étudiants étrangers peut porter un coup de massue à ces établissements. Le risque de faillite menace d'ailleurs plusieurs universités, avec des répercussions potentielles pour les étudiants, les enseignants et l’économie locale.
Des solutions impopulaires pour sortir de la crise
Selon un rapport du cabinet de conseil London Economics, chaque livre sterling investie dans une université génère un retour de 14 livres pour le Royaume-Uni.
Le gouvernement travailliste en place prête une oreille attentive aux appels de soutien étatique, mais il tarde à agir, car il n’a pas encore de plan de sortie de crise. Toutes les solutions envisagées sont impopulaires: augmenter le financement public, assouplir les visas étudiants ou élever les frais universitaires.
Les étudiants sont farouchement opposés à l'augmentation des frais et il est unanimement reconnu que la pression financière sur les étudiants britanniques est immense. Plus de 90% d’entre eux contractent un prêt et accumulent en moyenne 50'000 francs de dettes à la fin de leurs études.
Malgré cela, la plupart des spécialistes estiment qu’une hausse des frais universitaires sera inévitable pour sortir de la crise, et le gouvernement travailliste ne l’a pas exclue.
Sujet radio: Catherine Ilic
Adaptation web: Miroslav Mares