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L'Irlande vote pour effacer de sa Constitution une définition sexiste du rôle des femmes

L'Irlande vote pour effacer de sa Constitution une définition sexiste du rôle des femmes. [Reuters - Clodagh Kilcoyne]
L'Irlande vote pour effacer de sa Constitution une définition sexiste du rôle des femmes / La Matinale / 1 min. / le 8 mars 2024
Les Irlandaises et Irlandais sont appelés à voter vendredi 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, lors d'un double référendum pour faire disparaître de leur Constitution de 1937 des références datées sur le mariage et la place des femmes, définies comme épouses et mères au foyer.

S'ils étaient approuvés, les deux amendements modifieraient l'article 41 de ce texte rédigé il y a presque un siècle, quand régnait sur la vie publique et privée une branche puritaine de l'Eglise irlandaise.

Les principaux partis politiques soutiennent ces modifications et, jusqu'à récemment, les sondages prédisaient une approbation facile, en dépit d'un faible taux de participation annoncé.

Un langage "très sexiste"

L'une des parties de l'article 41 stipule que "par sa vie au sein du foyer, la femme apporte à l'Etat un soutien sans lequel le bien commun ne peut être atteint" et que "les mères ne doivent pas être obligées à travailler pour des nécessités économiques au détriment de leurs devoirs au sein du foyer". Une nouvelle formule, plus large, imputerait à tous les membres d'une famille la responsabilité de prendre soin les uns des autres.

"Les Irlandaises ont protesté contre cet article dès qu’il a été inséré dans la Constitution et nous n’avons jamais cessé de nous y opposer", déclare vendredi dans La Matinale de la RTS Rachel Coyle, la cheffe des campagnes du Conseil National des femmes d'Irlande. "Nous voulons enfin changer cette vision restreinte et dépassée du rôle des femmes. Car depuis ce texte, l’Irlande s’est considérablement transformée", souligne-t-elle.

Le Premier ministre de centre droit Leo Varadkar, à l'initiative de ce vote, juge que le temps est venu d'en finir avec un langage "très daté, très sexiste".

Extension de la notion de famille

L'autre amendement vise à élargir la définition de la famille pour inclure des "relations durables" nouées hors mariage et apporter une protection à ces autres modèles de couples ou de familles (monoparentales, tuteurs...)

La formulation de cet amendement a suscité des critiques. "Personne ne sait exactement ce qu'est une 'relation durable', alors que tout le monde sait exactement ce qu'est un mariage", fustige ainsi David Quinn, fondateur de l'Institut Iona, un groupe défendant les intérêts de la communauté catholique.

D'autres commentateurs proches de l'extrême droite ont aussi agité l'épouvantail des relations polygames ou du regroupement familial des migrants, qui pourraient selon eux être encouragés.

"Une définition plus inclusive"

"Si vous n’êtes pas mariés, vous avez malheureusement moins de droits. Donc voter oui permettra d’avoir une définition plus inclusive", plaide de son côté Claire O'Connell, membre de l'Alliance des parents LGBT+, interrogée par La Matinale de la RTS. 

L'Irlande, pays de tradition catholique, s'est prononcée ces dernières années par référendum pour plusieurs réformes progressistes, comme l'assouplissement de la législation sur l'interruption volontaire de grossesse et l'autorisation du mariage homosexuel.

Texte web: ami avec agences

Sujet radio: Clémence Pénard

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