Plus de 90% du chauffage et 27% de l'électricité de l'Islande proviennent de la géothermie. Le projet "Krafla Magma testbed" est toutefois d'une autre ampleur. En récupérant directement la vapeur du magma, il permettrait d'exploiter une température d'environ 1000 degrés, contre 250 pour la géothermie actuelle.
Si cette technologie fonctionne, elle permettrait de développer des centrales beaucoup moins chères et bien plus performantes. Björn Guðmundsson, le directeur de ce projet, imagine même exporter cette technique, car les chambres magmatiques ne sont pas propres à l'Islande.
"Bien sûr, la compagnie nationale d'électricité bénéficiera de la méthode que nous sommes en train de créer. Mais nous voyons ça comme une plateforme pour expérimenter et développer cette méthode et l'utiliser mondialement", s'est-il enthousiasmé cette semaine dans l'émission Tout un monde de la RTS.
Le défi de la chaleur
Les températures extrêmes de cette poche de magma constituent le principal défi actuel. "Le challenge est de créer des puits qui peuvent survivre dans cet environnement, alors nous sommes en train de tester du matériel", poursuit Björn Guðmundsson.
"Nous sommes aussi en train d'essayer de trouver des solutions pour mettre des capteurs dans ce magma, parce qu'il fait 970 degrés. Ce sont les projets de développement sur lesquels nous allons travailler ces deux prochaines années avant de creuser."
Projet à 100 millions de dollars
Bien qu'impressionnante, cette technique est considérée comme peu risquée. Une dizaine d’experts venant d'universités d’Islande, des Etats-Unis, d’Angleterre ou encore d’Italie ont rendu leurs conclusions il y a quatre ans devant le gouvernement islandais.
Leur rapport explique que "la plupart des facteurs de risque ont soit une faible probabilité, soit une faible gravité. Ils ne devraient pas avoir un impact crucial sur l'évolution du projet proposé".
Le financement du projet, estimé à 100 millions de dollars, est toutefois important. Il est soutenu en partie par le gouvernement islandais et la compagnie nationale d’électricité. Des discussions sont en cours pour que d'autres pays et entreprises privées qui soutiennent le projet mettent la main au porte-monnaie. Si tout se passe bien, les premiers forages devraient avoir lieu d’ici deux ans.
Virginie Gerhard/asch