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L'Italie espère que son accord sur l'asile avec l'Albanie fera des émules

L’Italie a décidé d'externaliser en Albanie l'accueil d'une partie des migrants qui arrivent sur ses côtes
L’Italie a décidé d'externaliser en Albanie l'accueil d'une partie des migrants qui arrivent sur ses côtes / 19h30 / 2 min. / le 28 février 2024
En donnant l'ultime feu vert mi-février à l'accord migratoire controversé avec l'Italie, le Parlement albanais a ouvert la voie à la construction de deux centres pour les migrants sauvés dans les eaux italiennes sur le sol d'un pays non membre de l'UE, mais qui aspire à l'être. 

Conclu en novembre entre Rome et Tirana, le texte prévoit l'ouverture à la fin du printemps d'un centre à Shëngjin, un port du nord de l'Albanie, pour l'enregistrement des demandeurs d'asile, et d'un autre d'expulsion dans la même région, à Gjäder, où les migrants seront placés dans l'attente d'une réponse à leur demande d'asile.

Censés ouvrir au printemps 2024, ils seront gérés par l'Italie et pourront accueillir jusqu'à 3000 migrants à la fois. Les dépenses pour la construction des centres et des infrastructures nécessaires à leur fonctionnement, à la sécurité et à la prise en charge médicale des demandeurs d'asile, seront couvertes à 100% par la partie italienne - pour un coût évalué entre 650 et 750 millions d'euros sur cinq ans.

Juridiction italienne en Albanie

"Ce sera un territoire albanais, placé sous juridiction italienne, ce qui veut dire que les migrants seront soumis aux lois italiennes", explique Sara Kelany, responsable "immigration" du parti Fratelli d'Italia de la Première ministre Giorgia Meloni.

Interrogée dans le 19h30 de la RTS, elle dit espérer que ce modèle de gestion se multiplie "non seulement dans d'autres pays européens, mais surtout dans les pays africains, d'où partent les migrants".

La sélection des migrants se fera en mer, directement à bord de bateaux de la marine militaire italienne. Seuls les hommes adultes sauvés dans les eaux internationales seront transférés vers les centres en Albanie. Et Sara Kelany de préciser que les femmes, les enfants mineurs ou les sujets vulnérables ne pourront pas être transférés à l'intérieur de ces centres. "Seulement les hommes adultes qui n'ont pas droit à la protection", détaille-t-elle encore.

"Cela ne découragera pas les personnes"

Pour Duclair Ngongang Keumaleu, réfugié camerounais en Italie qui a traversé la Méditerranée en 2018, cette délocalisation n'est pas la bonne solution. "Ce n'est pas en déportant les centres d'accueil dans d'autres pays que cela découragera les personnes qui ont ce rêve d'une vie meilleure et de liberté", estime-t-il au micro de la RTS.

Les 650 millions d'euros prévus au projet auraient pu être mieux utilisés en Italie, estiment les associations d'aide aux migrants. "Avec tout cet argent que nous dépenserons pour réaliser ces camps de détention en Albanie, nous aurions pu accueillir des dizaines et des dizaines de milliers de personnes de manière plus digne", pense Filippo Miraglia, responsable migration au sein de l'ONG Arci.

Sujet TV: Valérie Dupont

Adaptation web: jfe

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