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L'ONU dénonce des violences record sur le personnel humanitaire, avec 280 tués en 2023

L'ONU dénonce un record de violences contre les humanitaires. [Keystone - AP Photo/Lefteris Pitarakis]
L'ONU dénonce un record de violences contre les humanitaires / Le Journal horaire / 21 sec. / le 19 août 2024
L'ONU a fustigé lundi les violences "inadmissibles" qui se banalisent contre les travailleurs et travailleuses humanitaires. Ils sont 280 à avoir été tués dans le monde l'an dernier. En grande partie nourri par la guerre à Gaza, ce record risque d'être battu dès cette année.

"La normalisation de la violence contre les travailleurs humanitaires et le fait que personne ne rende de comptes sont inacceptables, inadmissibles et extrêmement dangereux pour les opérations humanitaires, partout", a dénoncé dans un communiqué Joyce Msuya, cheffe par intérim du bureau humanitaire de l'ONU (Ocha), à l'occasion de la Journée mondiale de l'aide humanitaire.

"Avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays l'an dernier, 2023 a été l'année la plus meurtrière jamais enregistrée pour la communauté humanitaire internationale", avec une augmentation de 137% par rapport à 2022 (118 tués), souligne l'Ocha, utilisant les chiffres de la base de données Aid Worker Security qui remonte à 1997.

Selon ces données, plus de la moitié des morts de l'an dernier (163) sont des travailleurs humanitaires tués dans la bande de Gaza lors des trois premiers mois de la guerre menée par Israël dans le territoire palestinien, principalement dans des frappes aériennes.

Vers une année encore plus meurtrière

Le Soudan du Sud, frappé par des violences civiles et intercommunautaires, et le Soudan, où une guerre entre deux généraux rivaux fait rage depuis avril 2023, sont les deux autres conflits les plus meurtriers pour le personnel humanitaire, avec respectivement 34 et 25 morts. Dans le classement figurent également Israël et la Syrie (sept morts chacun), l'Ethiopie et l'Ukraine (six morts chacun), la Somalie (cinq), la République démocratique du Congo et la Birmanie (quatre chacun).

Si les 280 victimes de l'an dernier représentent déjà un nombre "scandaleux", "2024 pourrait bien être sur la voie d'une issue encore plus meurtrière", s'alarme l'ONU. Selon la base de données Aid Worker Security Database, 176 personnes ont été tuées entre le 1er janvier et le 9 août 2024, dont 121 dans les territoires palestiniens, un chiffre déjà plus élevé que la plupart des années complètes précédentes (le dernier record datait de 2013 avec 159 morts).

Depuis octobre, plus de 280 travailleurs humanitaires ont été tués à Gaza, dont une majorité d'employés de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), selon les Nations unies.

Le nombre des humanitaires kidnappés en baisse

Dans ce contexte, les responsables de plusieurs organisations humanitaires vont envoyer lundi une lettre commune aux Etats membres de l'ONU, réclamant "la fin des attaques contre les civils, la protection de tout le personnel humanitaire et que les responsables rendent des comptes", ajoute Ocha, appelant le public à se joindre à cette campagne sur les réseaux sociaux sous le hashtag #ActforHumanity.

Chaque année, l'ONU célèbre la Journée mondiale de l'aide humanitaire le 19 août, date anniversaire de l'attentat contre son quartier général à Bagdad en 2003. Cet attentat à la bombe avait tué 22 personnes, dont Sergio Vieira de Mello, représentant spécial de l'ONU en Irak, et blessé quelque 150 autres travailleurs humanitaires locaux et étrangers.

Si le nombre de travailleurs humanitaires tués atteint des records, Aid Worker Security montre en revanche une diminution du nombre de travailleurs kidnappés en 2023, avec 91 enlèvements, un chiffre au plus bas depuis cinq ans après le record de 2022 (185).

ats/iar

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