"Nous ne sommes pas convaincus que Meta ait fait suffisamment pour atténuer les risques pour la santé physique et mentale des jeunes Européens sur ses plateformes" conformément aux exigences du règlement européen sur les services numériques (DSA), a déclaré le commissaire européen Thierry Breton, cité dans un communiqué.
Il s'agit de la sixième enquête formelle lancée par la Commission, et la deuxième visant Meta, dans le cadre de cette nouvelle législation entrée en application l'an dernier pour lutter contre les contenus illégaux en ligne.
Le groupe américain a aussitôt affirmé sa bonne volonté sur ce dossier. "Nous voulons que les jeunes aient des expériences en ligne sûres et adaptées à leur âge et nous avons passé une décennie à développer plus de 50 outils et politiques destinés à les protéger. C'est un défi auquel l'ensemble du secteur est confronté et nous sommes impatients de partager les détails de notre travail avec la Commission européenne", a déclaré un porte-parole.
Des risques causés par "la conception des interfaces"
Meta avait déjà été mis en garde en novembre sur la protection des mineurs mais ses réponses aux demandes formelles de Bruxelles n'ont visiblement pas été jugées rassurantes.
L'ouverture d'une enquête "ne préjuge pas de son issue", souligne toutefois la Commission. La procédure va permettre à l'exécutif européen de continuer à accumuler des preuves et de faire pression sur Meta pour obtenir des améliorations.
Bruxelles s'inquiète en particulier "des risques causés par la conception des interfaces de Facebook et d'Instagram, qui peuvent exploiter les faiblesses et l'inexpérience des mineurs et provoquer un comportement addictif". Elle considère également insuffisants les efforts pour "empêcher l'accès des mineurs à des contenus inappropriés, notamment les outils de vérification de l'âge utilisés par Meta".
afp/ther
Des amendes jusqu'à 6% du chiffre annuel mondial
Le règlement européen sur les services numériques s'applique depuis fin août aux plateformes en ligne les plus puissantes comme X, TikTok ainsi que les principaux services de Meta (Facebook, Instagram), Apple, Google, Microsoft ou Amazon.
Au total, 23 très grands acteurs d'internet, dont trois sites pornographiques (Pornhub, Stripchat et XVideos), ont été placés sous la surveillance directe de la Commission européenne, qui a recruté plus d'une centaine d'experts à Bruxelles pour assumer son nouveau rôle de gendarme du numérique.
Les contrevenants s'exposent à des amendes pouvant atteindre jusqu'à 6% de leur chiffre d'affaires annuel mondial, voire à une interdiction d'opérer en Europe en cas de violations graves et répétées.