En cas de fausse couche, les femmes et leur partenaire pourront obtenir deux jours pour vivre leur deuil. Cette mesure vient combler un vide. En Belgique, il n'existe en effet pas de congé spécifique pour une grossesse qui se termine avant la 25e semaine. Jusque-là, le foetus n'est pas considéré comme viable par la loi. C'est donc le médecin qui délivre un congé pour maladie si la grossesse prend fin plus tôt.
Reconnaissance de la souffrance
Pourtant, une femme sur quatre en moyenne va vivre une fausse couche au cours de sa vie. La douleur physique d'une telle épreuve peut être importante, le foetus devant parfois être accouché. Mais la souffrance émotionnelle ne doit pas non plus être négligée.
"C'est une reconnaissance de la peine que provoque la perte d'une grossesse, qui est parfois un peu sous-estimée", explique la ministre belge de la Fonction publique, Petra de Sutter, au micro de la chaine belge LN24. Car si les deux jours accordés ne suffisent pas à surmonter un deuil, c'est que le texte est avant tout symbolique.
A ce stade, seuls les 65'000 fonctionnaires fédéraux sont concernés, à condition d'annoncer leur grossesse à leur employeur. Mais la ministre, elle-même gynécologue, en veut plus. "J'espère que l'exemple sera suivi par d'autres, au niveau public, pour commencer, mais aussi dans le secteur privé", dit-elle. Pour l'heure, la Fédération des entreprises de Belgique n'est pas favorable à un élargissement de cette mesure.
Exemple à suivre
La Belgique est le premier pays d'Europe à prendre une telle disposition. En Suisse, un tel congé n'existe pas, mais pour Lamyae Benzakour, responsable de l’Unité de psychiatrie de liaison aux HUG, il s'agit d'un exemple à suivre, car "il y a vraiment un vécu de deuil que l'on retrouve quel que soit l'âge gestationnel" et cette mesure représente "une forme de validation" de la difficulté de la situation.
"Le fait de reconnaître ce besoin de vivre ce deuil me semble aller dans le sens de la reconnaissance de la souffrance que représente le fait d'avoir une grossesse qui s'arrête", indique-t-elle dans La Matinale de la RTS.
Actuellement en Suisse, les mères ont droit à l'allocation de maternité à partir de la 23e semaine de grossesse, également en cas de mort périnatale. En septembre dernier, le Conseil des Etats a donc tacitement chargé le Conseil fédéral d'examiner la possibilité d'introduire un congé payé pour les femmes victimes d'une fausse couche ou de mort périnatale.
Toutefois, avant de modifier la loi, plusieurs aspects doivent encore être examinés, notamment les prétentions juridiques selon le droit en vigueur et les conséquences financières éventuelles en cas d'octroi d’un tel congé.
Prise en compte des pères
La psychiatre, qui accompagne les deuils à la maternité des HUG, salue également la prise en compte des pères dans ce congé. "On met souvent le focus sur la souffrance maternelle dans ces situations de deuil périnatal, mais les pères n'en sont pas exempts", explique Lamyae Benzakour. "Ils ont peut-être des manières différentes d'exprimer leur souffrance, mais il y a un impact à la fois chez les pères et chez les mères".
La mesure entrera en vigueur en Belgique le 1er juillet prochain.
Sujets radios: Cédric Guigon et Sophie Iselin
Adaptation web: edel avec ats