On demande à être rémunérés comme il faut et à pouvoir vivre de notre métier, tout simplement
Les agriculteurs européens sont confrontés à des revenus en baisse, des coûts qui explosent et beaucoup de nouvelles règles liées à la transition énergétique.
Et il y a la question des prix: entre 1939 et aujourd’hui, la part du budget des ménages dédiée à l’alimentation est passée de 40% à 6%.
D'abord en raison de l'augmentation de la part des loisirs et de la santé, mais aussi parce qu'on achète des produits moins chers et souvent importés. Dans les grandes lignes, les causes sont les mêmes partout, et ce jusqu’en Suisse.
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En première ligne de la transition écologique
En matière de transition écologique, l’agriculture se retrouve à la fois en première ligne des impacts du dérèglement climatique (chaleur, intempéries) et des nouvelles règles mises en place pour réduire son importante empreinte écologique (interdiction des produits phytosanitaires, taxes sur le chauffage ou les carburants).
Certains y voient un risque de se tromper de cible en pointant les écologistes: "Je crois que la frustration vient de la pression qui pèse sur notre métier, l'obligation de rester toujours compétitifs. On dit que c'est à cause des mesures pour le climat, on pointe du doigt les associations de défense de l'environnement comme boucs émissaires. Mais, en réalité, elles ne sont pas la cause de nos frustrations", a par exemple argumenté dans le 19h30 Kilian Baumann, conseiller national (Les Vert.es/BE) et président de l'Association des petits paysans.
Pour d'autres, cette frustration est due à un choix politique: "Pendant des décennies, on a favorisé une agriculture industrielle et on a mis l’argent public dans cette direction. On a donc fait peser tout le poids de la transition écologique sur les agriculteurs. Ce n’est pas normal, mais c’est le résultat d’un choix politique", a lancé pour sa part la militante Camille Etienne, autrice du livre "Pour un soulèvement écologique", dans le 19h30.
Et vous dans tout ça?
En tant que consommatrice ou consommateur, selon vos moyens, vous pouvez choisir de valoriser les produits indigènes en vous abonnant à un panier bio ou en achetant vos produits au marché ou dans des boutiques locales. C’est une manière simple de manger sainement et de rémunérer au juste prix les productrices et producteurs.
Autre piste: un comité issu du monde paysan propose l’idée d’une assurance sociale alimentaire. Chaque résident recevrait chaque mois un pécule pour faire ses courses dans des boutiques locales, une somme financée comme l’AVS par l’employé et l’employeur à hauteur de 1,9%.
Claire Burgy