Issue du PPE (centre-droit), première force politique du Parlement, Roberta Metsola a été reconduite pour un nouveau mandat de deux ans et demi par 562 voix, contre 61 voix pour son unique adversaire, l'Espagnole Irene Montero (gauche radicale).
C'est seulement la deuxième fois qu'un président du Parlement conserve son poste depuis l'instauration du scrutin direct en 1979, après l'Allemand Martin Schulz.
"Nous devons être une assemblée qui n'a pas peur de diriger et de changer. Nous avons commencé, mais le travail n'est pas fini", a déclaré l'élue. "Il faut un Parlement fort dans une Union forte (...) maintenir la pression pour garantir notre droit d'initiative (face à la Commission européenne), améliorer nos pouvoirs de contrôle et d'enquête, remédier aux déséquilibres institutionnels", a-t-elle insisté. La Maltaise chercher à obtenir le pouvoir de proposer des lois européennes, prérogative de la seule Commission européenne jusqu'à présent.
"Projet européen"
Roberta Metsola a appelé à "redonner aux gens l'enthousiasme et la croyance dans le projet européen, un espace partagé plus sûr, plus égalitaire", notamment en renforçant "le pilier social" de l'UE et a brièvement salué en français la localisation du siège de l'institution à Strasbourg, "symbole vivant de la réconciliation" au sein de l'Europe. "L'Europe reste la réponse. Vive l'Europe!", a-t-elle souligné.
Roberta Metsola a aussi déclaré que le Parlement devrait continuer à soutenir fermement l'Ukraine et l'État de droit. Elle s'est en effet distinguée par son soutien très actif en faveur du pays envahi par la Russie: elle a été la première responsable d'une institution de l'UE à se rendre à Kiev début avril 2022, un peu plus d'un mois après le début de l'offensive russe.
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En fonction depuis 2022
Portée à cette fonction début 2022 par un accord entre le PPE, les socialistes (S&D) et les libéraux (Renew), Roberta Metsola était alors la plus jeune à prendre la tête de l'assemblée, seule institution élue de l'UE. C'est la troisième femme à accéder à ces fonctions, après les Françaises Simone Veil (1979-1982) et Nicole Fontaine (1999-2002).
Sous son égide, le Parlement européen a voté, au terme de négociations-fleuves, les législations environnementales du Pacte vert, des réglementations inédites imposées aux géants du numérique et les textes du Pacte migratoire de l'UE.
Roberta Metsola a par ailleurs été sous pression après le retentissant scandale du Qatargate autour de soupçons de corruption d'élus impliquant le Qatar et le Maroc, éclaté en décembre 2022.
Soucieuse de restaurer la crédibilité d'une institution contestée, Roberta Metsola avait promis des "réformes d'ampleur", via de meilleurs contrôles et des registres de transparence, tout en avertissant que ce n'était qu'"un début".
Elle s'était engagée lors de son accession à la présidence à défendre les positions officielles de l'institution et à "aller plus loin pour garantir et défendre les droits des femmes" et pour contrer les violences faites aux femmes, des priorités qu'elle a de nouveau rappelée mardi.
agences/juma
Les enjeux du nouveau Parlement
Les eurodéputés ont maintenu mardi un cordon sanitaire autour d'une partie de l'extrême droite, douchant les espoirs des "Patriotes pour l'Europe" d'obtenir des postes de vice-présidents.
Nouvelle formation avec à sa tête Jordan Bardella, les Patriotes pour l'Europe constituent la troisième force au Parlement européen, avec 84 eurodéputés. Pour beaucoup réticents sur le soutien à l'Ukraine, ils sont issus notamment du Rassemblement national (France), du Fidesz de Viktor Orban et de Vox (Espagne).
Selon la clé de répartition habituelle, deux des 14 vice-présidences du Parlement - chargés d'animer des sessions en orchestrant votes et prises de parole - leur revenaient.
Le groupe d'extrême droite souhaitait voir élus à ces postes le Français Fabrice Leggeri, ex patron de Frontex - l'agence de l'UE chargée des frontières - et la Tchèque Klara Dostalova. Mais ils en ont été écartés par un cordon sanitaire qu'ils jugent "antidémocratique".