Depuis sa victoire électorale surprise en novembre, qui a provoqué une onde de choc dans toute l'Europe, Geert Wilders tente de rallier à sa cause d'autres partis, avec un manifeste climatosceptique, islamophobe et anti-européen.
Il espère pouvoir former une coalition à quatre avec le parti libéral VVD, le parti agricole BBB et le parti centriste Nouveau contrat social (NSC) dirigé par Pieter Omtzigt, champion de la lutte contre la corruption.
Mais l'atmosphère des négociations s'est avérée délétère dès le début, les chefs de partis s'envoyant régulièrement des piques sur les réseaux sociaux et affichant des divergences fondamentales sur des politiques considérées comme anticonstitutionnelles, prônées par le Parti de la liberté (PVV) de Geert Wilders.
Différences trop importantes
Dans un rapport très attendu publié lundi, Ronald Plasterk, ancien ministre chargé de superviser les pourparlers, a déclaré que les divergences entre le NSC et le PVV étaient trop grandes pour être comblées.
"Il existe certainement des différences significatives entre les quatre partis sur différents sujets", a affirmé Ronald Plasterk, dont le rapport suggère que les partis ont fait peu de progrès dans leurs discussions pour forger une coalition.
"Il n'est pas non plus possible de faire des compromis sur un sujet, dans la mesure où la volonté des partis de faire des concessions dépend des autres qui feront eux-mêmes des concessions", a-t-il écrit.
La situation avait atteint son paroxysme mardi lorsque le NSC s'est brusquement retiré des négociations sans prévenir les autres chefs de parti, selon ces derniers. La raison officielle invoquée pour justifier son départ est l'état lamentable des finances publiques néerlandaises, qui aurait "choqué" Pieter Omtzigt, réputé prudent sur ces questions.
Le NSC a déclaré qu'il serait prêt à apporter son soutien à un gouvernement minoritaire au cas par cas, mais ne fournirait pas de ministres.
Retour aux urnes?
L'écart entre ce parti et le PVV en matière d'État de droit est "trop grand", a déclaré le NSC, cité dans le rapport de Ronald Plasterk, qui sera débattu au Parlement mercredi.
Ronald Plasterk aussi dit qu'il n'était pas impossible qu'un accord puisse éventuellement être conclu, mais pas sous sa direction. "Je recommande de nommer un nouveau négociateur possédant une vaste expérience administrative et politique", a-t-il déclaré.
Le travailliste Frans Timmermans patiente dans les coulisses. L'alliance de son parti et des Verts est arrivée deuxième lors des élections, mais pour l'ancien vice-président de la Commission européenne, obtenir suffisamment de soutien pour former un gouvernement s'annonce difficile.
Mais Ronald Plasterk a noté que la participation d'autres parties aux futurs pourparlers "pourrait très bien être utile".
Le dernier recours serait de retourner aux urnes, mais un tel scénario rebute les partis politiques, qui seront accaparés au printemps par une autre échéance importante, celle des élections du mois de juin au Parlement européen. Et si l'on en croit les sondages, seul le PVV pourrait tirer profit de nouvelles législatives.
"Sans issue"
Dans ce chaos, quelles sont les chances pour Geert Wilders de devenir Premier ministre? "Je ne pense pas que ce soit vraiment une option réalisable car ce serait un tel scandale pour les Pays-Bas au niveau international", observe René Cuperus, ajoutant toutefois qu'il ne semble pas y avoir actuellement beaucoup de bonnes alternatives.
"Ce sera un désastre avec Wilders et un désastre sans Wilders. Nous sommes dans une situation sans issue", estime-t-il.
Quoi qu'il arrive, le processus ne sera pas rapide. Mark Rutte, Premier ministre libéral démissionnaire, a mis 271 jours à forger son gouvernement.
ats/jfe