Les recettes iraient à "un grand plan de sauvegarde du patrimoine religieux" et permettraient de financer la restauration d'autres édifices religieux, ce qui se heurte en France à la législation sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat et a été jusqu'à présent refusé par l'Eglise.
"Avec cinq euros seulement par visiteur, on récolterait 75 millions d'euros par an. Ainsi, Notre-Dame de Paris sauverait toutes les églises de Paris et de France. Ce serait un magnifique symbole", a exposé la ministre française de la Culture Rachida Dati dans les colonnes du quotidien Le Figaro.
Figure de la droite libérale-conservatrice et catholique pratiquant, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, qui en France est aussi chargé des cultes, a apporté un soutien immédiat à ce projet dans une interview sur France Inter, prenant l'exemple de la basilique de la Sagrada Familia, toujours en construction à Barcelone et où l'on paie l'entrée.
Un lieu très visité
Notre-Dame de Paris compte parmi les édifices les plus visités en Europe, avec 12 millions de personnes en 2017 et "14 à 15 millions" attendues par le Diocèse après la réouverture prévue le 7 décembre. Le chantier de reconstruction est entièrement financé par des dons qui ont afflué dès le lendemain de l'incendie le 15 avril 2019, atteignant 846 millions d'euros, versés par quelque 340'000 donateurs de 150 pays.
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"Partout en Europe, l'accès aux édifices religieux les plus remarquables est payant", a souligné la ministre française de la Culture, également maire du 7e arrondissement de la capitale.
Selon elle, "les visiteurs hors UE" devraient aussi payer "davantage leur billet d'entrée" dans les musées, afin de "financer la rénovation du patrimoine national".
Le diocèse s'y oppose
Opposé à cette idée, le diocèse a rappelé jeudi le principe de "gratuité du droit d'entrée dans les églises et les cathédrales", défendu par l'Eglise catholique en France. La gratuité se justifie notamment par la "mission" de l'Eglise d'"accueillir de façon inconditionnelle et donc nécessairement gratuite tout homme et toute femme", poursuit le diocèse dans un communiqué.
"A Notre-Dame, pèlerins et visiteurs n'ont jamais été distingués: les offices sont célébrés pendant les visites, et les visites se poursuivent durant les offices", ajoute-t-on, rappelant que "toute séparation matérielle priverait pèlerins et visiteurs de la communion entre tous qui est l'essence même du lieu".
Avant l'incendie, seules les tours de Notre-Dame et la crypte archéologique étaient payantes, au même titre que la nécropole des rois de France à la Basilique Saint-Denis, selon le Centre des monuments nationaux.
En France, la loi de 1905 de séparation de l'Eglise et de l'Etat interdit en principe toute "taxe" ou "redevance" sur l'entrée des édifices religieux, contrairement à ce qui se pratique en Italie où, par exemple, la basilique Saint-Marc de Venise fait payer son entrée.
ostolu avec afp
5000 édifices religieux en mauvais état
En France, 5000 édifices religieux - sur environ 50'000 lieux de culte recensés - sont dans un état qui fait craindre pour leur pérennité et nécessite une intervention urgente, avait rappelé Emmanuel Macron lors du lancement d'une souscription nationale en septembre 2023.
Cette souscription doit permettre de "mobiliser 200 millions d'euros sur quatre ans" afin d'aider les petites communes à préserver leurs édifices religieux.