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La frappe russe contre les locaux de la Fondation suisse de déminage "probablement pas délibérée"

Les locaux de la Fondation suisse de déminage (FSD) ont été touchés par une frappe de missile russe à Kharkiv. [Keystone - Sergey Kozlov - EPA]
La Fondation suisse de déminage touchée par une frappe russe en Ukraine: interview d’Hansjoerg Eberle / Forum / 4 min. / mercredi à 18:02
Les locaux de la Fondation suisse de déminage (FSD) ont été touchés par une frappe de missile russe mercredi matin à Kharkiv, dans l'est de l'Ukraine. Selon son directeur Hansjörg Eberle, l'attaque n'était probablement pas délibérée.

Selon le gouverneur de la région Oleh Syniehubov, la frappe a eu lieu vers 5h du matin locales. Les locaux de la FSD ont été touchés par un "missile balistique" russe, a-t-il écrit dans un message publié sur Telegram et rapporté par le site Kyiv Independent.

Le bâtiment a subi d'importants dégâts, précise la FSD dans un communiqué, mais aucun employé de l'ONG n'a été blessé ou tué. "Les dégâts sont purement matériels", a confirmé mercredi soir dans l'émission Forum le directeur de la FSD Hansjörg Eberle. "Il y a quelques véhicules qui sont endommagés et le bureau est inutilisable, mais le travail continue".

Les opérations se poursuivent

L'organisation se dit "profondément attristée" par cette frappe. Elle assure prendre des mesures immédiates pour assurer la sécurité de son personnel et soutenir les personnes affectées.

Les employés de FSD constatent les dégâts après la frappe de missile russe. [Keystone - Sergey Kozlov - EPA]
Les employés de FSD constatent les dégâts après la frappe de missile russe. [Keystone - Sergey Kozlov - EPA]

Après une évaluation initiale, la porte-parole de la FSD Alexandra Brutsch a précisé que les opérations de déminage ne seront finalement "quasiment pas" affectées par cette frappe: les démineurs vont poursuivre leurs activités dans les champs de mines où ils sont actuellement déployés. "Le travail de déminage ne se fait pas tellement dans des bureaux, ça se fait sur le terrain", relève Hansjörg Eberle.

Seules les activités d’enquête non techniques et de sensibilisation au danger des mines seront touchées, puisqu'elles sont menées partiellement depuis le bureau en temps normal. Dès qu’un nouveau bureau aura été trouvé et le matériel renouvelé, les opérations pourront reprendre dans leur entièreté.

Cette attaque souligne les conditions difficiles et dangereuses dans lesquelles les organisations humanitaires opèrent dans les zones de conflit, relève la Fondation. "Malgré ce revers, la FSD reste fidèle à son engagement de fournir des services de déminage humanitaire essentiels et un soutien à la population ukrainienne."

Berne condamne

"On constate que pas mal de missiles détruisent aussi de l'infrastructure civile et de l'infrastructure des organisations humanitaires. C'est inacceptable, mais ce n'est pas une raison pour nous arrêter", déclare le directeur de la FSD. L'ONG appelle "toutes les parties à respecter le droit humanitaire international et à assurer la sécurité et la protection des travailleurs humanitaires et des civils".

La Confédération condamne pour sa part les attaques sur Karkhiv, a indiqué le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) dans une prise de position. Elle exprimera cette condamnation au sein des instances internationales.

Les attaques contre les infrastructures civiles constituent une violation du droit international humanitaire, dénonce le DFAE, qui rappelle que la FSD est un partenaire important dans la mise en œuvre du programme de déminage humanitaire de la Suisse en Ukraine.

>> Lire aussi : La Suisse engagera 100 millions de francs pour déminer l'Ukraine

"Les humanitaires sont désormais aussi des cibles. Il n'y a pas un respect suffisant pour leur travail", regrette Hansjörg Eberle. "Mais d'autre part, la Fondation suisse de déminage travaille relativement proche des zones de combats", ajoute-t-il. "Si on travaille dans ce genre de contexte, il faut s'attendre à ce qu'il y ait de temps en temps des incidents de ce genre".

Le directeur de la FSD affirme toutefois que "rien n'indique" que l'attaque ait été délibérée. "Kharkiv est relativement proche du front et est régulièrement la cible de bombardements russes, qui ne visent pas nécessairement les ONG", indique-t-il, précisant que d'autres bâtiments dans les alentours avaient peut-être été visés.

"Les missiles ne sont pas toujours extrêmement précis", poursuit Hansjörg Eberle. "Alors pour l'instant, je ne pense pas que la FSD ait été une cible délibérée des forces russes".

Présente en Ukraine depuis 2015

Fondée en 1997, la FSD est une ONG spécialisée dans la lutte anti-mines. Son engagement en Ukraine remonte à 2015, dans le Donbass. Ses effectifs ont depuis été "considérablement" renforcés, écrit-elle sur son site.

Au total, plus de 600 employés de la Fondation travaillent dans les provinces de Tchernihiv, Kharkiv et Donetsk. L'ONG prévoit d'être opérationnelle dans les prochaines semaines dans la province de Kherson.

Le programme de la FSD en Ukraine est financé par le DFAE et la Direction du développement et de la coopération (DDC), la Chaîne du Bonheur, le Département d'Etat américain, plusieurs fondations, cantons et municipalités suisses, ainsi que des donateurs privés.

>> Regarder aussi le 19h30 revenir sur cette frappe :

Les locaux d'une ONG suisse touchés par une frappe russe à Kharkiv en Ukraine
Les locaux d'une ONG suisse touchés par une frappe russe à Kharkiv en Ukraine / 19h30 / 1 min. / mercredi à 19:30

ats/edel

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