La jetée à Gaza est opérationnelle, mais quelle quantité d'aide pourra-t-elle vraiment recevoir?
Pour faire face aux restrictions imposées par Israël à l'acheminement terrestre de l'aide pour Gaza, Joe Biden avait annoncé en mars la construction d'une jetée provisoire sur la côte de l'enclave palestinienne pour un coût de 320 millions de dollars. C'est désormais chose faite.
Vendredi, un premier chargement d'aide humanitaire a commencé à être débarqué via l'installation, a indiqué l'armée américaine sur X. Cette nouvelle voie d'acheminement constitue une bouée de sauvetage, mais de loin pas une solution suffisante pour combler les besoins de civils sur place. Même si la route maritime fonctionne comme prévu, l'ONU et les organisations d'aide humanitaire préviennent qu'elle ne permettra d'acheminer qu'une fraction de l'aide nécessaire.
QUELLE QUANTITÉ D'AIDE EST PRÉVUE?
Les États-Unis espèrent commencer par acheminer environ 90 camions d'aide par jour par la mer, puis passer rapidement à environ 150 camions.
Samantha Power, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), et d'autres responsables de l'aide humanitaire ont toujours affirmé que plus de 500 camions par jour – la moyenne d'avant-guerre – devraient entrer à Gaza pour couvrir les besoins de la population.
Selon les responsables internationaux, l'aide apportée par la voie maritime devrait atteindre un demi-million de personnes lorsqu'elle sera pleinement opérationnelle. Cela représente un peu plus d'un cinquième de la population.
Ces dernières semaines, les livraisons pour Gaza, strictement contrôlées par les autorités israéliennes, arrivaient déjà au compte-gouttes. L'entrée des camions dans l'enclave palestinienne est désormais largement entravée aux deux principaux points de passage terrestres, Kerem Shalom depuis Israël et Rafah depuis l'Egypte.
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COMMENT LA JETÉE FONCTIONNE-T-ELLE?
Tout d'abord, l'aide en provenance d'Europe sera assemblée et inspectée à Chypre, en présence de fonctionnaires israéliens, de sorte que des contrôles à l'arrivée ne soient pas nécessaires.
A Gaza, la nouvelle infrastructure flottante est construite en deux parties, de telle manière qu'aucun soldat américain ne doive poser un pied au sol, assure le Pentagone. La première partie est une grande barge qui permet de récupérer les livraisons arrivant par bateau-cargo, détaille la BBC. L'aide est ensuite déchargée sur une série d'embarcations plus petites et envoyée vers la jetée de près de 550 mètres reliée à la côte.
QUELS SONT LES DÉFIS?
Techniquement, cela tient la route. Cette construction flottante a déjà été utilisé par l'armée américaine au Koweït, en Somalie, en Haïti et en Amérique centrale pour des missions de secours en cas de catastrophe, note encore le média britannique. Pourtant, les défis sécuritaires sont nombreux.
Les camions qui quitteront l'embarcadère devront faire face à l'intensification des combats. Et le risque de mouvement de foule n'est pas non plus exclu. Mark Montgomery, un vétéran de 32 ans de la marine américaine, a assuré à la BBC que la mise en place d'un "cocon de sécurité" autour de la jetée s'avère absolument nécessaire.
Il faut surtout éviter que "des civils montent sur la jetée", a-t-il souligné. "Il peut s'agir d'un parent cherchant désespérément de la nourriture pour ses enfants, ou d'une personne essayant de tuer quelqu'un. Cela mettrait fin aux opérations", selon cet habitué de la gestion des situations de crise.
Pour l'heure, on ne sait pas non plus qui sera responsable de chaque étape de la livraison et qui garantira la sécurité des travailleurs humanitaires chargés de décharger et de distribuer l'aide, met en évidence Al Jazeera.
Jeudi, le Commandement militaire central américain (Centcom) a assuré que "les Nations unies recevront l'aide et coordonneront sa distribution à Gaza", mais il n'a pas précisé s'il en serait ainsi tout au long de l'opération.
Des organisations américaines – USAID – et internationales – Oxfam, Save the Children et International Rescue Committee – estiment que les autorités israéliennes n'ont pas amélioré de manière significative la protection des travailleurs humanitaires depuis l'attaque militaire du 1er avril qui a tué sept travailleurs humanitaires de l'organisation World Central Kitchen.
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doe avec agences