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La justice française demande de nouvelles expertises sur l'affaire Grégory

Le corps de Grégory Villemin, 4 ans, avait été retrouvé le 16 octobre 1984 dans la Vologne, rivière qui traverse Lépanges-sur-Vologne où vivait la famille Villemin. [afp - Frederick Florin]
Nouvelles expertises dans le meurtre du petit Grégory, affaire non résolue depuis 40 ans / Le Journal horaire / 23 sec. / le 22 mars 2024
Près de 40 ans après le meurtre du petit Grégory Villemin dans l'est de la France, la justice a ordonné des expertises complémentaires pour tenter de résoudre l'une des plus grandes affaires non résolues dans l'Hexagone.

Les espoirs de trouver le meurtrier reposent désormais sur de nouvelles expertises ADN et de reconnaissance vocale pour tirer parti des progrès de la science.

A la demande des parents, Christine et Jean-Marie Villemin, des "vérifications techniques" et expertises scientifiques complémentaires" vont être effectuées, a fait savoir le procureur Thierry Pocquet du Haut-Jussé, de la Cour d'appel de Dijon, en Bourgogne.

Le 16 octobre 1984, le corps de leur fils Grégory, âgé de quatre ans, était retrouvé pieds et poings liés dans la Vologne, une rivière du massif des Vosges.

40 ans d'investigation

L'affaire au fort retentissement dans l'opinion a depuis mobilisé sans succès des cohortes de magistrats, d'enquêteurs et de journalistes.

Les gendarmes s'étaient orientés d'abord vers un cousin du père, Bernard Laroche. Inculpé d'assassinat et écroué, il avait été remis en liberté mais assassiné peu après par Jean-Marie Villemin.

Les investigations se sont ensuite concentrées sur un "corbeau" auteur de nombreuses lettres anonymes menaçantes envers les Villemin, sans parvenir à lever le mystère.

>> Lire aussi : La justice pense avoir identifié les corbeaux de l'affaire Grégory

Des membres de la famille Villemin avaient également reçu des appels téléphoniques anonymes.

En 2017, des expertises en graphologie avaient attribué une lettre de 1983 à Jacqueline Jacob, grand-tante de Grégory. Elle et son mari Marcel avaient été mis en examen, mais l'acte a été annulé en mai 2018 pour vice de procédure. Les époux ont toujours nié être mêlés à l'affaire.

Des échantillons d'ADN non répertoriés

Même 40 ans après, "on est satisfaits" d'avoir obtenu de nouvelles analyses, a réagi l'une des avocates des parents. "Ça montre qu'en définitive, la justice se donne les moyens de (...) tenter d'arriver à la vérité". Selon elle, la famille a demandé des analyses d'ADN supplémentaires "pour faire des rapprochements entre certaines personnes de la famille et les profils et les mélanges ADN que l'on a au dossier".

Ces analyses seront faites "sur des échantillons d'ADN qui soit n'avaient pas été répertoriés, soit n'avaient pas été attribués à une identité particulière, soit n'avaient pas été croisés avec d'autres éléments de la procédure", a précisé un autre avocat des parents. Ces demandes "ne révèlent pas l'identité d'un ou de suspects", a-t-il ajouté. Pour autant, elles sont essentielles à l'enquête, car "il faut que le dossier soit complet".

Les nouvelles expertises porteront notamment sur des comparaisons des ADN retrouvés sur les cordelettes qui entouraient le corps de l'enfant, son anorak, son menton et certains courriers du "corbeau", a indiqué l'avocat.

Les comparaisons seront faites avec les ADN de Michel Villemin, l'oncle du garçon, et de plusieurs membres de la famille élargie, a-t-il encore confirmé.

>> Lire également : Les résultats ADN dans l'affaire du petit Grégory n'ont rien apporté

Reconnaissance vocale

Un autre volet prometteur est l'audiométrie vocale qui permet d'identifier les fréquences vocales d'une personne, comme une personne laisse une empreinte digitale.

L'un des avocats des époux Jacob s'est montré plus dubitatif. "Depuis 2000, des expertises, il y en a eu par dizaines. Prudence: ce n'est pas parce qu'on fait des expertises qu'on va trouver l'assassin", a-t-il déclaré.

afp/juma

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