La justice italienne inflige un nouveau revers à la politique migratoire de Giorgia Meloni
Les magistrats italiens ont décidé de saisir la Cour de Justice de l'Union européenne (CJUE) pour s'assurer que la législation concernant la politique migratoire soit conforme aux textes européens.
Pour des questions de délai légal, les sept migrants concernés par cette procédure – de nationalités égyptienne et bangladaise – "retourneront en Italie dans les prochaines heures", a indiqué une source gouvernementale italienne.
Alors que Rome a déjà dépensé des dizaines de millions d'euros pour construire ces centres de rétention en Albanie ayant finalement ouvert en octobre avec des mois de retard, ce nouveau revers est embarrassant pour Giorgia Meloni.
"Jugement politique"
Le vice-Premier ministre Matteo Salvini, allié de Giorgia Meloni et chef du parti antimigrants de la Ligue, a aussitôt réagi à cette décision en dénonçant "un nouveau jugement politique (...) contre les Italiens et leur sécurité". "Le gouvernement et le Parlement ont le droit de réagir pour protéger les citoyens et ils le feront".
"La justice démonte encore une fois la propagande du gouvernement italien", s'est félicitée de son côté l'ONG de sauvetage en mer de migrants Sea-Watch. "Combien de temps encore le gouvernement italien continuera cette farce inhumaine?"
Des centres vides
Cheffe du parti post-fasciste Fratelli d'Italia, Giorgia Meloni avait présenté ce projet comme un "exemple" pour les autres pays européens. Ces centres, initialement prévus pour accueillir des centaines de migrants, sont pour l'instant condamnés à tourner à vide.
Dans une affaire précédente remontant à trois semaines, des juges de la section des affaires migratoires du tribunal de Rome avaient annulé la rétention des douze premiers migrants conduits en Albanie, invoquant un récent arrêt de la CJUE sur les pays de provenance considérés "sûrs" par les pays d'accueil.
Le tribunal avait tranché qu'aux termes de cet arrêt, les 12 migrants ne remplissaient pas les critères de rétention en Albanie et qu'ils devaient être renvoyés en Italie.
19 pays sûrs, selon la loi
Pour contourner l'obstacle, le gouvernement de Giorgia Meloni avait adopté 48 heures plus tard un décret en inscrivant dans la loi 19 pays considérés comme "sûrs" par le gouvernement.
Ce qui signifie que Rome espérait traiter en procédure accélérée depuis l'Albanie les demandes d'asile de migrants originaires de ces pays, avec à la clé une probable expulsion.
Face à ce décret, des juges du tribunal de Bologne se sont déjà adressés il y a deux semaines à la CJUE lui demandant de clarifier la situation face aux "divergences évidentes" et aux "conflits d'interprétation" dans le système juridique italien.
ats/miro