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La politique nataliste de la Hongrie ne parvient pas à augmenter sa population

Malgré une politique visant à relancer la natalité en Hongrie, la population continue à diminuer. [KEYSTONE - ROBERT HEGEDUS]
Les ratés de la politique nataliste en Hongrie / Tout un monde / 4 min. / aujourd'hui à 08:14
Malgré une politique visant à relancer la natalité, la population continue à diminuer en Hongrie. Plusieurs raisons sont avancées: les aides du Premier ministre Viktor Orban ne sont destinées qu'à une certaine catégorie de la population et le manque de moyens dans les écoles pousse souvent les jeunes parents à émigrer.

Depuis une décennie, le Premier ministre hongrois Viktor Orban cherche à relancer la natalité dans son pays en distribuant des primes aux parents, en leur allouant des réductions d’impôts et des conditions de crédit intéressantes.

Ces mesures sont très populaires, y compris chez le futur vice-président américain JD Vance, qui aimerait que les Etats-Unis s'en inspirent. Mais cette politique n’a pas eu le succès attendu: le taux de fertilité a baissé à 1,39 (moins que la moyenne européenne) et la population hongroise continue à diminuer.

Faire un enfant en échange d'argent

Avant d'hériter d'une petite maison familiale, Emese vivait avec son mari Marton et ses deux enfants dans un petit appartement. La famille y a déménagé et a fait des travaux de rénovation et d'agrandissement grâce à l'aide du gouvernement de Viktor Orban. Ils vivent désormais dans cette maison avec un grand jardin en proche banlieue de Budapest et Emese attend un quatrième enfant.

Pour bénéficier du prêt du gouvernement, le couple s'est engagé à faire un troisième enfant. En contrepartie, le prêt a été effacé, explique Marton lundi dans Tout un monde. "On a eu le 'prêt bébé', d'environ 25'000 euros, puis on a eu un autre prêt de 25'000 euros, le 'Tchok'. On peut dépenser le 'prêt bébé' comme on veut, mais le 'Tchok' est seulement pour acheter ou construire un logement. Et si on s’engage à avoir trois enfants, les crédits se transforment en don."

Au total, le couple a reçu l’équivalent de 47'000 francs, ce qui a financé la moitié de leur maison. Les cadeaux du gouvernement ne s’arrêtent pas là: Emese et Marton ont droit à de telles réductions fiscales qu’ils ne paient plus d’impôts.

Limites

Le gouvernement Orban investit beaucoup d’argent dans ces subventions: 5% du PIB, soit deux fois plus que le budget de la défense. Pourtant, il n’y a toujours pas assez de naissances. Et la Hongrie, qui refuse toute immigration, continue à voir sa population diminuer: en une décennie, le pays est passé de 10 à 9,6 millions d'habitants et habitantes.

Il faut être salarié avec un contrat de travail et avoir un certain niveau de salaire

Eva Fodor, professeur à l’Université d’Europe centrale

Viktor Orban a reconnu les limites de sa politique: "On a ralenti le déclin démographique, mais on n’a pas renversé la tendance."

Trop de conditions et coût de la vie

Pourquoi ces mesures ne marchent-elles pas? Pour Eva Fodor, professeure à l’Université d’Europe centrale, les cadeaux du gouvernement sont réservés à un trop petit nombre. Il faut être marié et remplir de nombreuses conditions. "Il faut être salarié avec un contrat de travail et avoir un certain niveau de salaire. Beaucoup de familles pauvres n’ont droit à rien parce que leur job n’est pas déclaré."

Les jeunes en âge d’avoir des enfants quittent la Hongrie

 Ivett Szamla, chercheuse

Une autre limite à l'efficacité de ces mesures est d'ordre conjoncturel: ces deux dernières années, l’alimentation a augmenté de 50%.

Emigration des jeunes parents

Si le gouvernement Orban est généreux avec la classe moyenne, en revanche les écoles et les hôpitaux manquent cruellement de moyens. Et cela pousse les jeunes à émigrer, constate la chercheuse Ivett Szamla. "Les jeunes en âge d’avoir des enfants quittent la Hongrie. Ils trouvent que l’école n’est pas de bon niveau et ils s’inquiètent de la qualité des soins médicaux et de ce qui pourrait arriver à leurs enfants s’ils tombent gravement malades."

Officiellement, près de 400'000 Hongrois et Hongroises ont quitté le pays. Officieusement, ils seraient un million à avoir émigré ces dix dernières années.

Florence La Bruyère/juma

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