Maia Sandu, fervente pro-occidentale de 52 ans qui a tourné le dos à Moscou après l'invasion de l'Ukraine voisine, a remporté le second tour face à Alexandr Stoianoglo, un ancien procureur soutenu par les socialistes prorusses.
Selon les résultats quasi définitifs publiés par la Commission électorale, elle arrive en tête avec 54,9% des voix, contre 45% pour son rival.
"Moldavie, tu es victorieuse! Aujourd'hui, chers Moldaves, vous avez donné une leçon de démocratie digne de figurer dans les livres d'histoire. Aujourd'hui, vous avez sauvé la Moldavie", a lancé Maia Sandu dans un discours à son quartier général de campagne.
Mise en garde contre des ingérences étrangères
Ancienne économiste de la Banque mondiale, Maia Sandu était arrivée largement en tête au premier tour le 20 octobre avec 42,5% des voix, mais son adversaire de 57 ans, qui en avait recueilli près de 26%, a pu compter sur le soutien de plusieurs petits candidats pour le second round.
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Pendant la campagne, elle n'a cessé de mettre en garde contre des ingérences étrangères "sans précédent", à travers notamment des achats massifs de vote qui ont entaché le référendum sur l'UE il y a deux semaines, selon Chisinau, mais aussi Bruxelles et Washington. Comme lors des récentes législatives en Géorgie, le Kremlin a rejeté les accusations d'immiscion dans le processus électoral.
Alexandr Stoianoglo, ex-procureur général limogé de son poste l'an dernier, a plaidé pour des relations équilibrées tant avec l'Occident qu'avec la Russie. Il a nié "avoir des liens avec le Kremlin" et toute implication "dans des fraudes électorales".
Sa rivale l'a qualifié "d'homme de Moscou", "un cheval de Troie à travers lequel d'autres veulent régenter le pays".
Tout au long de la journée de dimanche, les autorités ont fait état "de provocations et de tentatives de déstabilisation".
Le pays est de fait extrêmement polarisé, entre d'un côté une diaspora et une capitale majoritairement acquises à la cause européenne, et de l'autre les zones rurales et deux régions, la province séparatiste de Transnistrie et la Gagaouzie autonome, tournées vers la Russie.
afp/ami/fgn
Ursula von der Leyen et Emmanuel Macron saluent la victoire de Maia Sandu
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président français Emmanuel Macron ont félicité dimanche Maia Sandu pour sa réélection.
"Il faut une force rare pour surmonter les défis auxquels vous avez été confrontés lors de cette élection. Je suis heureuse de continuer à travailler avec vous pour un avenir européen pour la Moldavie et son peuple", a écrit Ursula von der Leyen sur X.
Emmanuel Macron a assuré sur le même réseau social que "la France continuera de se tenir aux côtés de la Moldavie sur son chemin européen". Le président français s'est réjoui que la "démocratie" ait "triomphé de toutes les interférences et de toutes les manoeuvres".
La Moldavie enquête sur des "transports organisés" d'électeurs depuis la Russie
La Moldavie a annoncé dimanche enquêter sur la mise en place présumée par la Russie de "transports organisés" d'électeurs. D'après la police, Moscou voulait permettre aux ressortissants moldaves résidant sur son sol de participer au second tour de la présidentielle.
"Les autorités nationales mènent des investigations pour recueillir des preuves au sujet de vols reliant la Russie à la Biélorussie, à l'Azerbaïdjan et à la Turquie" pour permettre à ses résidents d'aller voter dans les consulats ou ambassades moldaves de ces pays, a déclaré la police dans un communiqué.
L'objectif des forces de l'ordre est de "préserver l'intégrité du processus électoral et de s'assurer que chaque vote s'exprime librement, sans pression ou influence indues".