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La prostitution pourrait connaître une forte augmentation pendant les JO de Paris

Avec l'afflux de visiteurs durant les Jeux olympiques de Paris, l'Office de lutte contre l'exploitation sexuelle craint "un vrai risque d'augmentation" de la prostitution. [Keystone - Alex Plavevski - EPA]
La prostitution pourrait voir une forte augmentation pendant les JO de Paris / Le Journal horaire / 26 sec. / mardi à 14:02
Avec l'afflux de visiteurs durant les Jeux olympiques de Paris, l'office français de lutte contre l'exploitation sexuelle craint "un vrai risque d'augmentation" de la prostitution. Traditionnellement affichée dans la rue, elle se niche désormais à grande échelle sur internet.

"C'est un sujet de préoccupation. Nous supposons qu'il y aura une augmentation de la demande et potentiellement une augmentation de l'offre. Nous ne savons pas trop comment cela va se matérialiser", souligne Lénaïg Le Bail, à la tête de l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle.

Pendant les JO, le rôle de l'office, dont la mission est de traquer ceux qui utilisent des êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle, sera de collecter des "signalements, d'en faire l'analyse (...) et de venir en appui aux services territoriaux, voire de traiter peut-être certains dossiers".

L'organisme espère recueillir ces signalements auprès de partenaires comme les plateformes hôtelières ou de location de logements de courte durée, grâce notamment à une campagne de sensibilisation.

Une ampleur difficile à évaluer

Mais l'ampleur du phénomène durant ces Jeux reste incertaine. Lénaïg Le Bail a échangé avec ses partenaires allemands pour la Coupe du monde de football 2006, britanniques pour les JO de Londres 2012 et brésiliens pour les JO de 2016. "Il est difficile d'en tirer des enseignements très précis", glisse-t-elle.

"La crise sanitaire et l'exploitation en ligne ont changé la donne. Cela rend les choses plus invisibles, plus difficiles à détecter pour les forces de sécurité intérieure et plus faciles à organiser pour les réseaux criminels", insiste Lénaïg Le Bail, précisant qu'aujourd'hui plus de 80% de l'offre prostitutionnelle se fait en ligne via des annonces.

Vers une "ubérisation" de la prostitution?

Visible sur la voie publique jusqu'au début des années 2000, l'activité s'est en effet beaucoup dissimulée grâce à internet, notamment après l'épidémie de Covid-19.  "Avant, il y avait des réseaux de vraie délinquance organisée. Aujourd'hui, tout se fait en ligne, ils réservent une chambre, envoient un taxi chez la fille pour l'emmener sur le lieu", explique Agnès (prénom modifié), enquêtrice à la Brigade de répression du proxénétisme (BRP) depuis sept ans.

"Les clients, eux, se connectent sur un site, cochent la catégorie, le prix, l'heure. Et la fille vient à eux", résume-t-elle. Le modèle se calque sur celui des services de livraison de plats à emporter, "mais il s'agit de filles", compare la policière.

Sa cheffe, la commissaire divisionnaire Virginie Dreesen, est "plus dans le questionnement que vraiment dans la prospective", alors qu'il n'y a pas de précédent en termes d'événements de si grande ampleur en Europe, dans cette ère nouvelle de la prostitution en ligne. "Comme certains pourront se faire livrer leur dîner, leurs produits stupéfiants, est-ce qu'il n'y aura pas aussi la tentation de se faire livrer une prestation sexuelle?", envisage-t-elle, évoquant une forme "d'ubérisation".

edel avec afp

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