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La République démocratique du Congo rétablit la peine de mort

Des soldats congolais dans l'est de la République démocratique du Congo, le 28 février 2024. [AFP - Glody MURHABAZI]
La République démocratique du Congo rétablit la peine de mort / Le Journal horaire / 23 sec. / le 15 mars 2024
Le gouvernement de la République démocratique du Congo a décidé de reprendre les exécutions capitales, notamment contre les militaires accusés de trahison.

Cette décision prise en RDC, notifiée dans une circulaire signée par la ministre de la Justice, Rose Mutombo, lève le moratoire sur l'exécution de la peine de mort, daté de 2003, et vise les militaires accusés de trahison, mais également les auteurs de "banditisme urbain entraînant mort d'homme".

Depuis deux ans, la République démocratique du Congo fait face à une offensive des rebelles du M23 qui se sont emparés de larges pans de la province du Nord-Kivu, à l'est, et ont fortement étendu leur emprise vers le nord ces deux dernières semaines.

La déroute de l'armée congolaise et de ses milices supplétives face à la progression du M23 a attisé chez les autorités des soupçons d'infiltration des forces de sécurité.

La fin du moratoire

De nombreux militaires, y compris des officiers supérieurs des Forces armées de la RDC, mais également des députés, des sénateurs et des personnalités du monde économique dans l'est de la RDC, ont été arrêtés et accusés de complicité avec l'ennemi.

Régulièrement prononcée, notamment dans des affaires impliquant des militaires ou des membres de groupes armés, la peine de mort n'était plus appliquée depuis la signature du moratoire décidé sous le régime du président Joseph Kabila (2001-2019).

Les condamnations à mort étaient depuis lors systématiquement commuées en prison à perpétuité. Les personnes condamnées à mort restaient alors détenues dans les prisons congolaises.

Une décision vivement critiquée

Les organisations de défense des droits humains ont immédiatement dénoncé cette décision et appelé à son annulation. Pour Amnesty International, la décision des autorités congolaises est "une grave régression et un nouveau signe du recul alarmant de l'administration Tshisekedi en matière de droits humains".

Le mouvement citoyen congolais pro-démocratie Lucha (Lutte pour le changement) a de son côté condamné cette décision, estimant qu'elle "ouvre un couloir à des exécutions sommaires dans ce pays où le fonctionnement défectueux de la justice est reconnu par tous".

Jean-Claude Katende, président de l'Asadho, une des principales organisations congolaises de défense des droits humains, a dénoncé "un véritable recul" et considère que "dans un pays où la justice est qualifiée de malade, on livre les éventuels prévenus à la mort certaine."

Le gouvernement se justifie

Selon la note circulaire, les "actes de traîtrise ou d'espionnage ont fait payer un lourd tribut tant à la population qu'à la République au regard de l'immensité des préjudices subis".

Le rétablissement des exécutions vise à "débarrasser l'armée de notre pays des traîtres et d'endiguer la recrudescence d'actes de terrorisme et de banditisme urbain entrainant mort d'homme", écrit encore la ministre de la Justice.

Des sources sécuritaires à l'est de la RDC, ayant requis l'anonymat, ont indiqué qu'il serait déjà prévu des exécutions publiques de militaires accusés de collaborer avec l'ennemi, notamment avec les rebelles du M23 et le Rwanda.

afp/seb

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