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La tentative d'assassinat de Donald Trump ouvre la voie aux théories du complot

Les théories du complot et la désinformation dominent désormais les réseaux sociaux américains. [Keystone - Minh Connors/San Francisco Chronicle via AP]
Les théories du complot et la désinformation dominent désormais les réseaux sociaux américains / Forum / 4 min. / le 15 juillet 2024
Dès les premières minutes après la tentative d'assassinat de Donald Trump, des théories du complot ont déferlé sur internet, certains évoquant un tireur aux "ordres" du président Biden, d'autres suspectant une mise en scène de la CIA et d'autres encore accusant un YouTubeur italien à tort.

Ainsi par exemple, la vidéo en gros plan d'une spectatrice "suspecte" au meeting tenant une pancarte "Biden" ou une photo d'agents de service de sécurité tout sourire tenant un Donald Trump ensanglanté ont circulé massivement sur X, en anglais, français ou portugais notamment, comme autant de "preuves" que l'attentat était "organisé", "planifié".

Peu importe si la femme à la casquette noire portait selon toute vraisemblance la même pancarte que ses voisins "Joe Biden, you're fired" ("Joe Biden, tu es viré") et que la photo des agents a vraisemblablement été retouchée, selon les recherches de l'AFP, les rumeurs inondent le web depuis le meeting en Pennsylvanie samedi.

>> Les faits saillants de lundi après la tentative d'assassinat contre Donald Trump : Joe Biden appelle à "faire baisser la température", Trump refuse qu'un assassin potentiel change son programme

D'autres auteurs accusés

D'innombrables internautes ont aussi tenté d'identifier eux-mêmes le tireur, assurant à tort, notamment, qu'il s'agissait du youtubeur italien et journaliste commentateur de football Marco Violi. Cela bien que le FBI ait annoncé le nom du suspect dans les heures suivant la tentative.

L'Italien s'est défendu en assurant n'avoir aucun lien avec la fusillade en Pennsylvanie et qu'il se trouvait à Rome au moment des faits. Il a indiqué qu'il déposerait une plainte "contre les comptes X qui ont diffusé cette fausse nouvelle et tous les titres de presse qui l'ont propagée".

La vidéo d'un homme se filmant dans sa voiture et laissant entendre qu'il était le tueur a aussi massivement circulé, bien que nombre de médias américains aient estimé qu'il s'agissait d'un canular.

Matt Wallace, un internaute du réseau X populaire pour ses théories antivax et souvent repartagé par Elon Musk, a, lui, publié de fausses informations en soutien à Donald Trump. Il a ainsi été l'un des premiers à accuser la CIA d'être à l'origine de cet attentat et a multiplié les publications complotises, accumulant des dizaines de millions de vues sur ses posts.

"Mise en scène", faux sang...

Le journaliste Anthony Mansuy, spécialiste de la sphère complotiste américaine, souligne "la réaction assez incroyable des cercles centristes et démocrates", qui ont aussitôt dénoncé un simulacre, avec le mot-clé #staged (mis en scène).

Très vite, des comptes prodémocrates ont assuré que le sang sur le visage de Donald Trump était faux.

Pour le chercheur en sciences politiques Julien Giry, l'hystérie collective du week-end autour de cet événement n'est pas une surprise, "à un moment pareil et avec un personnage pareil". "C'est presque l'absence de théories conspirationnistes qui aurait constitué une surprise, presque une anomalie", poursuit-il.

>> Voir le sujet du 19h30 sur la tentative d'assassinat :

L’ex-président américain Donald Trump a réchappé à une tentative d’assassinat lors d’un meeting de campagne électorale
L’ex-président américain Donald Trump a réchappé à une tentative d’assassinat lors d’un meeting de campagne électorale / 19h30 / 1 min. / le 14 juillet 2024

"Aucune confiance"

Interrogé dans Forum, Boris Vejdovsky, Maître d’enseignement et de recherche en littérature et culture américaine à l'université de Lausanne, n'est absolument pas surpris par les théories du complot qui pullulent aux Etats-Unis. "Ces théories du complot sont l'écho de la violence extraordinaire qui habite la culture et la société américaines actuelles."

"Ce climat de violence fait qu'on n'a plus aucune confiance dans la représentation des choses. Les images sont forcément truquées et instrumentalisées. Quant aux institutions représentatives, comme la justice ou la police, elles ne représentent plus rien ni plus personne parce qu'on pense qu'elles ont été manipulées", explique encore l'expert.

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juma avec afp

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