La trêve politique que le président Emmanuel Macron avait appelée de ses voeux s'est imposée d'elle même. Mais le chef de l'Etat doit maintenant tirer les conséquences des élections législatives de fin juin-début juillet, qui ont accouché de trois blocs dépourvus de majorité absolue, entre l'union des gauches (Nouveau front populaire, NFP), le bloc macroniste allié à la droite républicaine et l'extrême droite (Rassemblement national, RN) alliée à certains dissidents de droite.
>> Revoir aussi le suivi des élections législatives : L'alliance de gauche crée la surprise en terminant en tête devant le camp macroniste, la vague RN contenue
Si le gouvernement de Gabriel Attal a été maintenu après le scrutin pour expédier les affaires courantes, l'échiquier politique français devrait rappeler au chef de l'Etat sa promesse de nommer un nouveau cabinet à la mi-août, avant l'ouverture le 28 des Jeux paralympiques.
>> Lire aussi : Emmanuel Macron accepte la démission du gouvernement, qui reste chargé des "affaires courantes"
A la veille des JO, la gauche proposait Lucie Castets, une haute fonctionnaire de 37 ans, pour Matignon. Mais Emmanuel Macron a argué que son gouvernement serait immédiatement renversé par l'Assemblée.
"Il réfléchit encore"
Il poursuit donc son objectif de trouver une majorité plus solide, autour d'un "bloc central" auquel il voudrait raccrocher les socialistes. Mais il se voit accusé par ses adversaires de refuser le verdict des urnes. Rien ne filtre à Paris des consultations en cours. "Il réfléchit encore", affirme simplement un proche du président.
"La pression interne va être assez forte car il va bien falloir sortir un budget" en septembre, relève une source ministérielle. Les Français doivent "sentir que leur vote se concrétise", concède-t-on dans le camp présidentiel, où certains misent sur une annonce autour du 20 août.
Plusieurs noms d'anciens ministres circulent, parmi les ténors de la droite - Xavier Bertrand, Michel Barnier, Jean-Louis Boorlo - ou au sein du centre gauche - Bernard Cazeneuve.
Mais si de nombreuses démocraties européennes savent jongler depuis des décennies sur de fragiles coalitions parlementaires, la France n'a jamais vraiment réussi à s'y résoudre.
Electeurs frustrés
L'effet euphorisant des JO n'a rien modifié en profondeur. "Cela change le climat collectif mais pas la donne politique: la situation reste bloquée, beaucoup d'électeurs sont frustrés. Les Français font la part des choses et restent très remontés contre Emmanuel Macron", estime le spécialiste de l'opinion Emmanuel Rivière.
En 1998, le président Jacques Chirac avait su surfer sur la victoire des Bleus à la Coupe du monde de football organisée en France, en prenant plus de 10 points de popularité (plus de 60% d'opinions favorables). Emmanuel Macron n'aura pas cette opportunité: un sondage Elabe réalisé fin juillet ne faisait état que d'une progression de deux points de la cote de confiance du président, à seulement 27%.
"Il y aura une forme d'indulgence post-JO mais qui ne durera pas longtemps", pense un cadre macroniste. "Ce n'est pas parce qu'on est allé prendre des selfies devant la vasque avec la moitié de Paris que tout à coup on va faire une coalition".
afp/edel