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La validité du scrutin présidentiel au Venezuela mise en cause par l’ONG Carter Center 

Des manifestants brandissent des affiches mettant en cause la réélection de Nicolas Maduro au Venezuela. [KEYSTONE - ERALDO PERES]
Venezuela : un vote non conforme aux normes démocratiques selon le Centre Carter / Tout un monde / 4 min. / le 2 août 2024
Deux certitudes inébranlables, mais contradictoires s’affrontent au Venezuela. Pour Nicolas Maduro, le président en place, sa victoire ne fait aucun doute. En revanche, l’opposition, qui appelle à des manifestations dans toutes les villes du pays samedi, parle d’une élection volée.

Les résultats de l’élection présidentielle vénézuélienne, annoncés dimanche dernier, ont également suscité des réactions divergentes sur la scène internationale. Si la Chine, la Russie et l’Iran ont très vite félicité Nicolas Maduro, Washington a par contre reconnu la victoire de l’opposition vénézuélienne, tandis que le Brésil, le Mexique et la Colombie appellent à "une vérification impartiale des résultats".

>> Lire : Au Venezuela, la cheffe de l'opposition appelle à manifester contre la réélection de Nicolás Maduro

L'ONG The Carter Center, seul observateur indépendant reconnu et autorisé à suivre le processus électoral, souligne que le scrutin vénézuélien n’a pas rempli les critères démocratiques. Vendredi dans l'émission Tout un Monde de la RTS, David Caroll, qui dirige le Democracy Program de cette ONG fondée par l’ancien président américain Jimmy Carter, met en lumière ces manquements.

"Le décompte des voix et la présentation des résultats n'étaient absolument pas transparents. Les observateurs indépendants, comme ceux du Carter Center et les observateurs nationaux, n'ont donc pas été en mesure de vérifier que les résultats obtenus dans les différents bureaux de vote du pays avaient bien été comptabilisés de manière transparente", observe-t-il.

Un constat alarmant et très critique

Selon l'ONG, qui avait déployé 17 observateurs à Caracas et dans trois autres bureaux régionaux pendant environ un mois avant l’élection, les conditions nécessaires à une campagne électorale libre et sécurisée n’étaient pas réunies.

L'accès aux bureaux de vote était de plus en plus difficile. Dans certains endroits, il nous a été impossible d'obtenir des copies des formulaires de résultats.

David Caroll, directeur du Democracy Program 

Le Carter Center, fort de son expérience en tant qu’observateur indépendant de plus de 120 élections dans une quarantaine de pays, a dressé un constat public très critique sur l’élection présidentielle au Venezuela. Une position "justifiée", selon l’ONG, en raison des obstructions et du manque de transparence observés lors du décompte final des résultats.

De plus, "des preuves fournies par d’autres observateurs citoyens montrent que le résultat réel aurait pu être très différent de celui annoncé officiellement", ajoute David Caroll. Cette situation unique a donc conduit le Carter Center à faire une déclaration ferme sur le manque de légitimité démocratique de ce scrutin.

Les Vénézuéliens méritent des élections transparentes

David Caroll ne préconise pas explicitement un retrait du président Nicolas Maduro ou une nouvelle élection, mais souligne l’importance d’un processus électoral transparent, ce qui, selon lui, fait défaut actuellement au Venezuela.

Nous ne faisons que défendre ce que nous avons toujours défendu, à savoir un processus électoral transparent.

David Caroll, directeur du Democracy Program 

Il insiste sur le fait que "ce qui est nécessaire, et ce que les Vénézuéliens souhaitent et méritent, c’est un processus électoral et des résultats transparents, afin que les citoyens puissent avoir confiance dans ces résultats", conclut-il.

Propos recueillis par: Patrick Chaboudez

Adaptation web: Miroslav Mares

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