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La vie dans les quartiers pauvres de Delhi, sans eau et par 50 degrés

L’Inde vit sous des températures records depuis plusieurs semaines, et le manque d’eau dans les quartiers défavorisés inquiète
L’Inde vit sous des températures records depuis plusieurs semaines, et le manque d’eau dans les quartiers défavorisés inquiète / 19h30 / 2 min. / le 22 juin 2024
Depuis plusieurs semaines, l'Inde est touchée par une canicule extrême. Face à ces vagues de chaleur, ce sont les classes les plus pauvres qui souffrent le plus, notamment en raison du manque d'eau dans certains quartiers défavorisés de Delhi. Reportage.

Il a fait 56 degrés fin mai dans l'ouest du pays, ou encore 52 degrés dans la capitale où vivent quelque 17 millions d'habitants: des records de chaleur insupportables quand l'eau vient à manquer. Dans de nombreux Etats indiens, les écoles ont dû être fermées pour que les enfants n'aient pas à supporter de trop fortes températures. Les hôpitaux de toutes les grandes villes accueillent de plus en plus de patients déshydratés.

>> Plus de détails dans notre article : Une vague de chaleur en Inde provoque "des centaines de morts"

"J'ai trempé mon foulard dans l'eau pour me couvrir la tête, et malgré tout, je n'arrive pas à supporter la chaleur!", confie dans le 19h30 de la RTS un homme croisé dans la capitale.

Toute la journée, des conducteurs de rickshaws s'efforcent malgré tout de gagner leur vie à la force des mollets, sous un soleil de plomb, accablés par la canicule. "Tout mon corps me démange à cause de cette chaleur. Cela fait 15 ans que je travaille ici et je n’avais jamais connu de telles températures… Il fait si chaud, c'est insupportable!", témoigne l'un d'eux.

Un camion citerne une fois par jour

Dans les quartiers défavorisés, l'eau manque. Comme les puits sont à sec, les habitants ne peuvent compter que sur un camion citerne qui passe une fois par jour, soit une cuve pour 4000 personnes.

"Si tu as de la chance, tu peux avoir de l’eau. Sinon, tu n'as rien", se désole une habitante d'un bidonville. "Il fait tellement chaud qu'on a besoin de cette eau, surtout pour nos enfants et les personnes âgées… On leur fait prendre des douches trois fois par jour", raconte-t-elle.

Distribution d'eau dans un quartier pauvre de Delhi [RTS]
Distribution d'eau dans un quartier pauvre de Delhi [RTS]

"Il fait tellement chaud! Heureusement qu’on a la clim'", témoigne de son côté un habitant d'un autre bidonville. Il a dépensé toutes ses économies, soit l'équivalent de 450 francs - presque trois mois de salaire - pour s'offrir un climatiseur. "C'est bien plus que ce que je gagne, mais il fait tellement chaud qu'on n'avait pas le choix", résume-t-il, avant de confier: "J'ai peur de l'avenir. Il a fait tellement chaud cette année qu'on a eu des pénuries d'eau, des coupures d'électricité… Comment allons-nous vivre dans le futur?"

50 degrés, bientôt la norme

Pour la chercheuse au Center for Science and Environment de New Delhi, Sharanjeet Kaur, il y a urgence à stopper la montée des températures. En Inde, elles ont augmenté de près de 6 degrés en moyenne ces 10 dernières années. "Si on ne fait rien, une température de 50 degrés deviendra la norme. Nous devons prendre des mesures immédiatement. Sinon, on ne pourra bientôt plus vivre dans cette partie du monde, car nous ne pourrons pas survivre à de telles températures", redoute-t-elle.

D'après des études menées par la NASA, certains pans du territoire indien pourraient bel et bien devenir inhabitables à cause de la chaleur d'ici 2050.

Sujet TV: Antoine Védeilhé, Abhijeet Pandey

Adaptation web: Vincent Cherpillod

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De vastes régions vont devenir inhabitables avant la fin du siècle

Cette augmentation des températures touche de nombreuses autres régions du globe. On le voit notamment avec les températures extrêmes enregistrées récemment à La Mecque, en Arabie Saoudite, où 1300 pèlerins sont décédés ces derniers jours à cause des chaleurs extrêmes. Il y a fait jusqu'à 52 degrés.

>> Lire aussi : A La Mecque, près de 1000 pèlerins ont succombé à la chaleur extrême

De 21,2 degrés en 1901, la température annuelle moyenne dans la ville sainte des musulmans a grimpé à 26,8 degrés en 2021, soit une augmentation impressionnante de plus de 5 degrés en 120 ans.

Si 26,8 degrés peuvent sembler supportables, on s'approche en réalité d'un seuil critique, car il s'agit d'une moyenne annuelle. Aux périodes les plus chaudes, le mercure grimpe nettement plus haut. A titre de comparaison, la température annuelle moyenne en Suisse, toutes altitudes confondues, est de 6 degrés. Sur le Plateau, elle est de 8 à 12 degrés.

La migration climatique, l’enjeu de ce siècle?

On estime aujourd'hui qu'au-dessus d'une température moyenne de 29 degrés, la situation devient invivable, voire mortelle - cela sans prendre en compte le niveau d'humidité. Mortelle parce que le corps n’arrive plus à récupérer, notamment la nuit.

Sur la base de ces chiffres, en 2070, de nombreuses régions du monde devraient devenir inhabitables, selon le scénario de réchauffement le plus probable. Une immense partie des régions situées le long de l'Equateur deviendront invivables, de quoi impacter plus de deux milliards de personnes. Conséquence directe: la question de la migration climatique risque bien de devenir l’enjeu de ce siècle.

>> Lire aussi : Les catastrophes naturelles causent déjà des réfugiés climatiques en Europe

>> Regarder l'analyse du 19h30 samedi. En jaune, les futures régions inhabitables. :

L’analyse des conséquences préoccupantes de l’augmentation de la température annuelle moyenne à travers la planète, avec Julien von Roten
L’analyse des conséquences préoccupantes de l’augmentation de la température annuelle moyenne à travers la planète, avec Julien von Roten / 19h30 / 1 min. / le 22 juin 2024