Le bateau qui remédie à la pollution plastique de la perliculture en Polynésie française
Après le tourisme, mais avant la pêche, la perliculture représente le deuxième revenu de ce territoire français de l'océan Pacifique. Le secteur a enregistré 50 millions d'euros de recettes et a exporté 9 tonnes de perles en 2022.
Le Plastic Odyssey a fait escale à Mangareva, principale île de l'archipel des Gambier. Dans le lagon se trouve une dizaine de cabanes sur pilotis: c'est la ferme perlière des Devaux. L'entreprise extrait chaque jour 4000 perles. Les huîtres se développent dans des filets en plastique qui ont une durée de vie de deux à trois ans. "Il y a des moments où l'on se retrouve avec trop de filets, qui peuvent rester stockés à terre pendant des mois. On ne sait pas trop quoi en faire. Mais nous avons besoin de ce matériau pour travailler", explique Magali Devaux, gérante de la ferme.
Sur la terre ferme, son père, Dominique Devaux, le fondateur de l'exploitation, se rend derrière un hangar où plusieurs centaines de kilos de déchets s'amoncellent. "Depuis deux ans, nous rapatrions nos déchets à Tahiti", indique-t-il. Les détritus seront enfouis sur l'île capitale de la Polynésie française, à plus de 1600 km de Mangareva.
"Auparavant, certains les brûlaient. Heureusement, j'avais, moi, pas mal de surface pour les entreposer. Je n'avais pas de solution. La seule chose que je savais, c'était qu'il fallait garder tous ces déchets", précise Dominique Devaux.
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Revalorisation des déchets
Les équipes du Plastic Odyssey ont ramassé dans la ferme des échantillons de matériel usagé pour essayer de les revaloriser. Les déchets de plastique sont broyés à bord du bateau et transformés en pièce pour le bâtiment ou la vie quotidienne. Les machines utilisées ont été développées à moindre coût et de façon simple pour rendre accessible la transformation.
Maxime Thirouin, ingénieur en recyclage sur le Plastic Odyssey, présente le résultat à Dominique Devaux: "Nous avons fait des tests avec les grillages de ta ferme de perliculture. On obtient un broyat de plastique assez différent de celui qu'on obtient d'habitude. Il est un peu plus fibreux. Pour nous, il est beaucoup plus facilement utilisable. On peut le mettre directement dans l'extrudeuse pour transformer ces anciens grillages en nouveaux produits finis."
Un monde politique à convaincre
Ce résultat redonne espoir au perliculteur. "C'est très bien. Il y a des solutions. Il faut espérer que nos élus soient sensibles à la nécessité de développer cette filière, surtout sur les îles", déclare-t-il.
Le fonctionnaire Thomas Trophime, technicien en environnement à la Direction des ressources marines de la Polynésie française (DRM), poursuit justement cet objectif: "Nous recherchons des techniques de revalorisation fiables, pour qu'on puisse les présenter à différents industriels afin de montrer qu'une filière de revalorisation est possible en Polynésie française. La prochaine étape sera de convaincre ces industriels et les politiques de l'intérêt d'investir dans cette filière", développe-t-il.
Depuis le développement de la perliculture il y a une soixantaine d'années, la DRM estime que les fermes ont produit 90'000 mètres cubes de déchets plastiques.
Reportage radio: Margaux Bédé
Adaptation web: ami