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Le bilan des "inondations du siècle" en Espagne s'alourdit à 158 morts, les recherches continuent

Les recherches de victimes se poursuivent jeudi dans le sud-est de l'Espagne, région frappée par les pires inondations dans le pays depuis plus de 50 ans
Les recherches de victimes se poursuivent jeudi dans le sud-est de l'Espagne, région frappée par les pires inondations dans le pays depuis plus de 50 ans / 19h30 / 2 min. / jeudi à 19:30
Les recherches de victimes se poursuivent jeudi dans le sud-est de l'Espagne, région frappée par les pires inondations dans le pays depuis plus de 50 ans. Liées au phénomène météo connu de la "goutte froide", intensifié par le réchauffement climatique, ces intempéries ont coûté la vie à au moins 158 personnes.

Le bilan, toujours provisoire, des inondations qui ont ravagé cette semaine le sud-est de l'Espagne s'établit désormais à 158 morts, selon un communiqué officiel des services de secours publié sur le réseau X.

Sur ce total, 155 victimes ont été enregistrées dans la seule région de Valence, la plus durement frappée, deux autres décès ayant eu lieu dans la région voisine de Castille-La Manche et un en Andalousie. Le communiqué ne précise pas le nombre de personnes qui sont encore portées disparues.

Ce chiffre, le plus élevé depuis des inondations qui avaient fait 300 morts en octobre 1973 dans le pays, "va augmenter" parce qu'il y a encore "de nombreux disparus", avait prévenu jeudi matin le ministre de la Politique territoriale Ángel Víctor Torres.

>> Lire aussi : Au moins 95 personnes sont mortes dans des crues dans le sud-est de l'Espagne

Selon les autorités, la localité la plus touchée est Paiporta, dans la banlieue sud de Valence, où une quarantaine de personnes ont trouvé la mort, dont une mère et son bébé de trois mois emportés par le courant.

Jeudi à l'aube, des milliers de personnes étaient toujours privées d'électricité dans la région de Valence, selon les services de secours. De nombreuses routes restent par ailleurs coupées, alors que d'innombrables carcasses de voitures jonchent les routes, couvertes de boue et de débris.

Les trains à grande vitesse entre Madrid et Valence, suspendus depuis mercredi, le resteront au moins pour "deux à trois semaines", selon le ministère des Transports.

De nouvelles alertes

Le Premier ministre Pedro Sánchez, qui a déclaré trois jours de deuil national, s'est rendu à Valence jeudi matin, où il a rendu visite au Centre de coordination des secours (Cecopi), selon des images retransmises par la télévision publique TVE.

Ce déplacement survient alors que de nouvelles fortes pluies pourraient tomber dans le nord de la région, selon l'agence météorologique espagnole (Aemet), qui a émis une "alerte rouge" pour la province de Castellon, à une centaine de kilomètres au nord de Valence.

L'épisode météorologique à l'origine des inondations "n'est pas encore terminé", a d'ailleurs affirmé le roi Felipe VI. Dans une allocution lors d'une cérémonie à Madrid, le souverain espagnol a souligné que "dans certains cas, il y a toujours des prévisions de risque".

Plus de 1200 militaires déployés

Plus de 1200 militaires sont déployés sur le terrain, principalement dans la région de Valence, aux côtés de pompiers, policiers et secouristes qui cherchent à localiser d'éventuels rescapés et s'efforcent de déblayer les zones sinistrées.

Le président de la région de Valence, Carlos Mazón, qui a annoncé une aide d'urgence de 250 millions d'euros, a indiqué que les services d'urgence avaient effectué dans la journée "200 opérations de sauvetage terrestres et 70 aériennes" avec des hélicoptères.

Il a par ailleurs précisé que les secours étaient parvenus à se rendre dans l'ensemble des zones affectées, alors que plusieurs villages sont restés coupés du reste du pays une bonne partie de la journée de mercredi.

>> Ecouter l'interview d'un pompier à l'oeuvre dans la région de Valence dans La Matinale :

Des équipes de secours mobilisées lors des inondations à Valence (Espagne), le 30 octobre 2024. [Keystone - AP Photo/Alberto Saiz]Keystone - AP Photo/Alberto Saiz
Intempéries en Espagne: interview d'un pompier à l'oeuvre dans la région de Valence / La Matinale / 1 min. / jeudi à 06:23

"Goutte froide" et réchauffement climatique

La région de Valence et la côte méditerranéenne espagnole en général subissent régulièrement, en automne, le phénomène dit de la "gota fria" (la "goutte froide"), une dépression isolée en haute altitude qui provoque des pluies soudaines et extrêmement violentes, parfois pendant plusieurs jours.

Toutefois, les scientifiques avertissent depuis plusieurs années que ce genre de phénomènes météorologiques extrêmes, tout comme les vagues de chaleur et les tempêtes, sont à la fois de plus en plus fréquents et de plus en plus intenses en raison du basculement climatique.

"Ces inondations soudaines en Espagne sont un nouveau rappel terrible du réchauffement climatique et de son caractère chaotique", a souligné dans une note Jess Neumann, professeur d'hydrologie à l'université de Reading au Royaume-Uni.

Lionel Fontannaz, météorologue chez MétéoSuisse, précisait aussi mercredi dans Forum que le réchauffement des mers et océans peut aussi jouer un rôle aggravant dans la formation de ce genre de phénomène. "Les gouttes froides apportent de l'air froid en altitude, ce qui, combiné à la chaleur persistante de la Méditerranée ou de l'Atlantique, favorise le développement d'orages intenses."

Et le météorologue d'ajouter que la zone sur laquelle se sont abattues ces très fortes précipitations ne pouvaient que laisser présager un bilan humain important. "Dans une zone densément peuplée, on peut avoir ce genre de conséquence." Et la topographie joue également un rôle important, "car le relief et la pente des terrains, favorisent des inondations rapides et destructrices, en particulier s'il y a des coulées de boue".

>> Ecouter les explications de Lionel Fontannaz de MétéoSuisse :

De subites crues font plus de 70 morts en Espagne: interview de Lionel Fontannaz
Intempéries en Espagne: les explications de Lionel Fontannaz, prévisionniste à MétéoSuisse / La Matinale / 1 min. / jeudi à 06:19

fgn avec les agences

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La réactivité des autorités remise en doute

La presse espagnole, qui qualifie ces intempéries d'"inondations du siècle", a commencé à s'interroger sur la réactivité des autorités: le message d'alerte du service de Protection civile aux habitants a en effet été envoyé mardi après 20h, alors que l'Agence d'Etat de météorologie avait émis une "alerte rouge" dès le matin.

Selon le quotidien El País, dans le cas de certaines localités parmi les plus dévastées par les eaux, le message a même été envoyé après 21h. A cette heure-là, il était déjà trop tard. 

Ces quelques heures perdues ont été capitales car des milliers de personnes sont restées sur leur lieu de travail ou sont sorties de chez elles dans l'après-midi, se retrouvant ensuite bloquées sur les routes à la merci des flots en furie.

>> Ecouter les explications de Miruna Coca Cozma dans Forum :

Intempéries en Espagne: les fake news se multiplient sur les réseaux sociaux
Intempéries en Espagne: les fake news se multiplient sur les réseaux sociaux / Forum / 2 min. / jeudi à 18:00

Arrestations pour pillages à la suite des inondations

La police espagnole a interpellé, jeudi, 39 personnes pour des pillages de magasins dans les régions sinistrées par les inondations. Ces personnes ont été appréhendées par une équipe de prévention de la criminalité envoyée dans les zones sinistrées.

Le journal espagnol El País rapporte que la police se concentre sur des vols survenus dans deux centres commerciaux de la banlieue de Valence. D'autres arrestations pourraient suivre.